Un jour dans la vie d'une araignée-crabe
C'est sans doute l'araignée la plus mignonne : colorée de jaune ou blanche immaculée, elle ressemble à un petit pois à pattes. Elle a aussi le bon goût de rester plus ou moins immobile ce qui permet de la prendre en photo : une aubaine quand on s'initie à la macro.
Question discrétion, ce n'est pas vraiment réussi. Toute blanche sur le fond mauve de l'ancolie, je ne pouvais pas la manquer lors de mon petit tour matinal au jardin.
Pourtant, Misumena vatia (c'est son nom latin) est réputée pour ses changements de couleur : elle s'adapte à la fleur sur laquelle elle se met à l'affut pour capturer ses proies. Rien de cela ici, à part peut-être deux bandes un peu mauves sur son abdomen.
Immobile, les deux premières pattes en position "crabe", Misumena est prête à bondir sur sa proie.
Mais si ce blanc sur fond mauve est très attirant pour un regard humain, peut-être n'en va-t-il pas de même pour les insectes ?
L'affut a fonctionné : une grosse mouche s'est fait prendre au piège.
J'aurais bien voulu assister au festin mais j'ai dû quitter le jardin pour aller travailler. Je pensais qu'il resterait bien quelques miettes à mon retour.
Une belle grosse mouche comme ça, il faut sûrement plus d'une journée pour la déguster.
En fin d'après-midi, j'ai retrouvé ma jolie Misumena sur la même fleur mais plus aucune traces de la mouche. Je ne saurai jamais si elle a tout mangé ! Elle n'avait pas vraiment l'air contente de me revoir.
Quand misumena fâchée, elle toujours faire comme ça...
Il y avait pourtant quelque chose de changé. Comme une tache noire sur son abdomen. En y regardant de plus près, surprise ! C'était une autre araignée, beaucoup plus petite : le mâle de l'espèce. Quelle chance ! Faute d'observer le repas, j'allais peut-être pouvoir assister à leurs ébats. J'ai vite pris quelques photos par sécurité puis j'ai couru chercher mon trépied afin de gagner un peu en netteté.
Beaucoup plus petit que la femelle, le mâle a aussi beaucoup moins de charme
De face, il n'est pas plus sympathique.
Mais à mon retour, plus de mâle ! Mon araignée blanche était à nouveau toute seule. Bon, j'installe mon appareil en espérant qu'elle va reprendre la pause et me permettre de faire de super photos bien détaillées. Mais voilà que tout à coup elle s'agite et descend fébrilement le long de la tige pour disparaître rapidement dans la végétation.
Mais qu'est-ce qui l'a décidée à quitter son ancolie ? Pas moi, j'espère !
Je l'ai cherchée sans succès sur toutes les fleurs du coin. J'espère la revoir un de ces jours, peut-être en version jaune, qui sait ?