Hé ben, j'en ai appris des choses sur le platycodon !
Le platycodon est beau et facile, ça je le savais. Mais il est aussi comestible et... chargé d'histoire et de tradition. Ça, je l'ignorais complètement.
Tout est parti d'une remarque de Capucyne du blog "la nature et la plume"
Platycodon !!! Je la découvre cette fleur !
C'est vrai que je ne lui ai jamais accordé beaucoup d'attention à ce platycodon qui pousse au jardin depuis des années. J'aime ses boutons en forme de ballon et je veille à couper les fleurs fanées régulièrement...et voilà ! Mais le platycodon, c'est encore bien autre chose. Je vous raconte ça bientôt mais avant, je vais quand même vous le présenter un peu !
Ce sont ces "ballons" que l'on remarque en premier. Les Anglais l'appelle balloon flower.
D'abord un petit ballon vert, la fleur prend peu à peu de la couleur puis éclate en une étoile parfaite.
Il existe des platycodons blancs, roses, simples ou doubles. Les miens sont les plus courants : simples et d'un bleu tirant sur le mauve qui les rendent faciles à associer.
Pour une raison mystérieuse, celle plante vivace est souvent proposée à "prix discount" dans les grandes-surfaces au rayon des plantes d'intérieur. Mais elle se porte bien mieux dehors où elle supporte des températures de -20° sans problème. Elle revient fidèlement chaque printemps. Un peu plus tard que les autres vivaces, toutefois : il faut être attentive à ne pas la détruire en désherbant.
Elle n'est pas difficile sur la qualité du sol ni sur l'exposition Mais elle n'aime pas la sécheresse.
A la mi-ombre dans mon coin repos sous le pommier, le platycodon est encore en boutons. Les fleurs s'épanouiront un peu plus tard.
Quand elle fane, la fleur perd toute son élégance. Si on veut conserver une belle plante, qui continue à fleurir, il faut enlever les fleurs fanées chaque jour. C'est assez surprenant, un latex blanc s'échappe des tiges coupées. Mais il sèche rapidement.
Voilà pour la présentation "horticole". Mais le platycodon, qui pousse à l'état sauvage en Chine, en Corée et au Japon à bien d'autres atouts :
Je savais que les fleurs étaient comestibles, comme beaucoup d'autres. Par contre j'ignorais que ses pousses du printemps se mangeaient en salade "croquante" ou avec du poulet. C'est du moins un plat servi dans un restaurant chinois réputé de Paris.
La Taverne de Zhao, Paris Photo : Pousses de platycodon et émincés de poulet crème de sésame - Découvrez les 51 270 photos et vidéos de La Taverne de Zhao prises par des membres de TripAdvisor.
Je ne connais pas la recette mais d'ici le printemps prochain, j'aurai le temps de trouver
Mais, d'après les informations que j'ai pu trouver, ce sont surtout ses racines qui sont consommées. Principalement en Corée où sont servies en accompagnement de plats de viande.
Dans l'article ci-dessous, on explique que ce plat est consommé lors d'une cérémonie d'hommage aux ancêtres. Mais attention : il ne faut pas l'épicer car les épices font fuir les ancêtres ! (J'adore ce genre d'anecdote !)
Mais bon, rien n'interdit d'en manger en d'autres circonstances !
La recette est ci-dessous.
Doraji Namul (Sautéed Bellflower Root) - My Korean Kitchen
Doraji namul is a traditional Korean side dish that is made with bellflower root. It has a simple taste but it is followed by a slightly bitter after taste. It is commonly served in a traditional ...
https://mykoreankitchen.com/doraji-namul-sauteed-bellflower-root/
En Corée, un chant traditionnel, très populaire si on en juge par le nombre de versions différentes sur youtube est consacré au platycodon (Doraji) et à sa récolte par des jeunes filles. A priori, les platycodons sauvages qui poussent dans les montagnes Coréennes seraient blancs. Je vous propose une version tout à fait charmante, même si la synchronisation des jeunes danseuses n'est pas parfaite !
Enfin, avant de quitter la Corée, voici (en résumé) un conte qui vous explique l'origine du nom coréen du platycodon : le doraji1.
Doraji était le nom d'une jeune-fille, forcément très belle, et adorée de ses parents. Mais voilà que vers l'âge de 16 ans, la demoiselle devint tendre et rêveuse. Et en allant récolter des herbes comestibles dans la montagne, qui rencontra-t-elle (par hasard) ? Un berger très très beau mais aussi, bien-sûr, très très pauvre !
Bien élevée et donc, bien consciente de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, la jeune fille compris tout de suite qu'elle ne pourrait jamais épouser un jeune-homme aussi pauvre. Cela ne l'empêcha pas de continuer à l'aimer en secret avec comme conséquence directe qu'elle tomba malade de langueur. Ses parents, croyant bien faire, lui cherchèrent donc mari. En Corée aussi, on pense que les filles qui ne vont pas bien ont besoin d'un mari.
Ils venaient tout juste de trouver le candidat idéal lorsque la jeune Doraji rendit son dernier soupir ! Mais auparavant, elle avait eu le temps de demander à ses parents de l'enterrer sur le chemin de la montagne ... où, depuis-lors pousse une fleur magnifique, aux formes simples et parfaites que l'on appelle... Doraji !
Au Japon, cette fois, la fleur de platycodon (appelée kikyo), est souvent représentée sous une forme stylisée dans les armoiries des familles. On appelle ces armoiries kamon. Cette tradition date de l'époque des samouraïs3 mais la tradition perdure encore aujourd'hui et chaque famille, qu'elle soit puissante ou non, a son kamon.
Dans le Hanakotoba, le langage des fleurs japonais qui attribue à chaque fleur une signification, le platycodon/kikyo symbolise l'amour éternel, l'honnêteté, le retour d'une amitié et l'obéissance2. Je vous laisse trouver le rapport entre les quatre. On retrouve ce motif brodé sur les kimonos, dans les estampes japonaises ou même sur la vaisselle.
Le platycodon fait aussi partie des sept fleurs d'automne, célébrées par les Japonais pour leur beauté.5
Avant de quitter le Japon, je vous laisse apprécier cette friandise en forme de platycodon4.
Je n'aime pas trop m'aventurer sur le terrain miné. Je vous signale simplement qu'on attribue à la racine de platycodon toutes sortes de vertus thérapeutiques. Il fait partie de la pharmacopée traditionnelle chinoise, mais aussi japonaise et Coréenne et plusieurs études sont en cours sur ses propriétés.
Je n'ai pas envie de déterrer mes trois plants de platycodons pour goûter leurs racines. Par contre, je vais récolter des graines et les semer car j'aimerais bien en planter quelques-uns au potager pour les utiliser comme légumes.
1.Maurice Coyaud, Jin-Mieung Li, Aux origines du monde, ,Contes et légendes de Corée Primento, 30 avr. 2015 - 190 pages
2.http://hananokotoba.com/the-language-of-flowers/
3.https://doyouknowjapan.com/symbols/
4. https://doyouknowjapan.com/sweet/
5. http://www.sophieleberre.fr/index.php/plantes-du-japon/articles-sur-le-monde-vegetal-japonais-blog/369-les-7-plantes-d-automne-du-japon
6. Zhang, Yingli,Chunhong, Na,Li, Liu, Platycodon grandiflorus – An Ethnopharmacological, phytochemical and pharmacological review, Journal of Ethnopharmacology, Volume 164, 22 April 2015, Pages 147-161