Les jardins de Valloires : quand Halloween vient (presque) tout gâcher
Nous étions venus, alléchés par la "fête de la citrouille et des saveurs anciennes" et nous sommes tombés en plein Halloween, version bricolage vite-fait. Entre les squelettes en plastique et les épouvantails, nous avons eu bien du mal à apprécier ce jardin classique réalisé par Gilles Clément.
On ne peut pas dire que le cadre, pourtant extraordinaire, soit mis en valeur par la "déco" d'Halloween..
Mais quel dommage ! Car c'est un très beau jardin. Pas vraiment mon style mais parfait en son genre : tiré à quatre épingles, il est composé d'un jardin dit "à la française", assez vaste et de différents espaces un peu moins géométriques, qualifiés de "jardins anglais".
Exemple de classicisme parfaitement maîtrisé, la roseraie, composée de petits carrés, avait encore belle allure en cette fin du mois d'octobre. Les rosiers, organisés en fonction de la couleur de leurs fleurs, sont accompagnés de vivaces. Je préfère les roseraies de style plus 'paysager" mais il faut avouer que celle-ci s'harmonise parfaitement avec l'abbaye de Valloires, en arrière-plan.
Je me serais bien passée des gloriettes blanches qui gâchent le décor mais si on en fait abstraction, c'est un plaisir de contempler la roseraie.
Par contre je n'ai pas du tout aimé les touffes de chrysanthèmes et de pensées tout juste sortis de la pépinière (ou de la jardinerie !). Bien sûr, ils ajoutent de la couleur mais ce genre de plantation temporaire est tellement artificiel !
Je ne vous ai encore parlé que du jardin "du bas", dans le prolongement de l'abbaye. Sur la colline qui le borde, Gilles Clément a conçu d'autres jardins auxquels on accède en traversant une longue allée de cerisiers. Lorsqu'ils sont en fleurs, le spectacle doit être époustouflant.
On arrive d'abord dans le jardin des îles : Chaque "île" est constituée d'un bosquet d'arbres et d'arbustes regroupés en fonction d'une caractéristique : couleur des feuillages, écorces remarquables, etc...
Il s'agit de la collection de Jean-Louis Cousin. Il était pépiniériste et cherchait un endroit où présenter sa collection. C'est de ce don qu'est née la création des jardins par Gilles Clément.
Comme le reste du jardin, ces "îles" sont réalisées et entretenues avec beaucoup de savoir-faire. Mais pour moi, c'est trop parfait : les couvre-sol, omniprésents, ne laissent place à aucune herbe folle, les allées larges et impeccablement tondues, enlèvent tout mystère à la promenade et le côté "collection" est bien trop formel à mon goût. Cependant, la diversité des plantes présentées est très intéressante.
Après les "îles", on peut se promener dans différents espaces, tels que cette prairie fleurie savamment mise en scène.
J'ai beaucoup aimé le jardin des cinq sens, où l'on peut toucher, sentir et même goûter les plantes, tout en appréciant le spectacle des jardins. Pour le sens de l'ouïe, j'imagine que ce sont les oiseaux qui s'en chargent... ou le vent dans les graminées.
La partie la plus récente constitue un hommage végétal à Jean-Baptiste Lamarck, originaire de la région. On reparle pas mal de lui et de ses théories, ces temps-ci. C'est plutôt intéressant : d'une terrasse à l'autre, on parcourt le chemin de l'évolution en partant des premiers végétaux apparus sur terre (ou presque...) jusqu'aux plus "évolués".
Il aurait fallu avoir un peu de temps pour approfondir tout cela mais, justement, le temps s'est gâté. Remarquez la subtile transition : une œuvre d'art évoquant les nuages nous rappelle que Lamarck ne s'intéressait pas seulement à l'évolution mais aussi à la météorologie. C'est d'ailleurs lui qui a donné un nom aux différentes sortes de nuages (j'ai appris ça là-bas !).
Et c'est donc sous la pluie que nous avons traversé le jardin du marais... devenu un peu oppressant.
Bien qu'il ne m'ait pas transportée d'enthousiasme, j'ai tout de même pris beaucoup de plaisir à découvrir ce jardin. C'est une visite que je conseillerais à tous ceux qui s'intéressent aux jardins et à l'histoire. La visite de l'Abbaye, juste à côté, est passionnante. J'y retournerai volontiers à une autre saison et surtout, SURTOUT, quand ce ne sera pas Halloween !