Et pourquoi ne pas semer des fougères ?

Publié le par Annick Boidron

Mise à jour d'octobre 2019. je dois vous avouer que cet essai de "semis" de fougère a été un fiasco total. Il faudra que je refasse un essai un jour... je vous tiendrai au courant si ça marche. je laisse quand même l'article en ligne car je pense qu'il offre de bonnes pistes de réflexion et (tout en bas) des liens intéressants vers des sites de spécialistes. Merci à Fabio de m'avoir signalé cet oubli.

 

Appréciez-vous les fougères ? Moi, je les aime beaucoup : elles présentent une grande diversité de formes et donnent un petit air de forêt enchantée à n'importe quel sous-bois.

Au nord de la maison, sous de grands arbres, cette zone est constamment humide et le soleil ne l'atteint que quelques heures le soir en été. Les fougères adorent !

Au nord de la maison, sous de grands arbres, cette zone est constamment humide et le soleil ne l'atteint que quelques heures le soir en été. Les fougères adorent !

Je voudrais en avoir plus, beaucoup plus ! Avec les vivaces, c'est facile : quand on en veut beaucoup, on fait des boutures, on divise, on sème. Mais avec les fougères ? Je me suis mise en quête d'une méthode pour les multiplier et j'ai décidé de tenter l'aventure du "semis" de spores.

Les spores sont produites là où se trouvent les sores : lignes, cercles ou autres zones brunâtres qui apparaissent en général à l'automne
Les spores sont produites là où se trouvent les sores : lignes, cercles ou autres zones brunâtres qui apparaissent en général à l'automneLes spores sont produites là où se trouvent les sores : lignes, cercles ou autres zones brunâtres qui apparaissent en général à l'automne

Les spores sont produites là où se trouvent les sores : lignes, cercles ou autres zones brunâtres qui apparaissent en général à l'automne

Bon, comme chacun sait, les fougères ne font pas de fleurs (sauf dans les légendes) mais elles produisent des spores minuscules sous leurs frondes. Plus précisément là où l'on voit des lignes ou des cercles bruns sur les photos ci-dessus. J'ai tenté de photographier des sores de tout près mais c'est tout petit petit !

Et pourquoi ne pas semer des fougères ?

Est-ce que vous voyez ces toutes petites boules sous le "chapeau" des sores ? C'est déjà minuscule mais ce ne sont pas les spores ! Ce sont les sporanges ! C'est dans ces sporanges que se trouvent les spores !

Regardez la vidéo ci-dessous : on voit des sporanges qui s'ouvrent et qui envoient les spores au loin comme de petites catapultes. Moi, j'adore !

Une fois la spore éjectée, si elle trouve de bonnes conditions de chaleur et d'humidité, elle va germer et former une petite lamelle verte qu'on appelle prothalle. En règle générale, on ne le remarque même pas : une sorte de croûte verdâtre sans intérêt.

Ce prothalle produira alors des cellules mâles et femelles. Les cellules mâles (qu'on peut comparer vaguement à des spermatozoïdes) vont nager vers les cellules femelles et les féconder. De cette fécondation naîtront, si tout va bien, de petites fougères.

Le terme important dans cette histoire, c'est "nager" : pas d'eau, pas de fécondation. On comprend pourquoi la plupart des fougères ne peuvent se reproduire que dans des endroits très humides, je dirais même mouillés.

Ce bébé langue de cerf et cette autre jeune fougère non-identifiée sont apparues spontanément dans un endroit du jardin qui ne sèche jamais !Ce bébé langue de cerf et cette autre jeune fougère non-identifiée sont apparues spontanément dans un endroit du jardin qui ne sèche jamais !

Ce bébé langue de cerf et cette autre jeune fougère non-identifiée sont apparues spontanément dans un endroit du jardin qui ne sèche jamais !

Bon, ça, c'était pour la théorie. Maintenant, il va falloir passer à la pratique. Pour un premier essai, j'ai choisi quatre fougères qui poussent bien chez moi.

La première est Dryopteris erythrosora dont les jeunes frondes sont orange au printemps, la seconde un cyrtonium et les deux autres... je ne sais pasLa première est Dryopteris erythrosora dont les jeunes frondes sont orange au printemps, la seconde un cyrtonium et les deux autres... je ne sais pas
La première est Dryopteris erythrosora dont les jeunes frondes sont orange au printemps, la seconde un cyrtonium et les deux autres... je ne sais pasLa première est Dryopteris erythrosora dont les jeunes frondes sont orange au printemps, la seconde un cyrtonium et les deux autres... je ne sais pas

La première est Dryopteris erythrosora dont les jeunes frondes sont orange au printemps, la seconde un cyrtonium et les deux autres... je ne sais pas

J'ai donc prélevé une fronde de chacune en vérifiant bien qu'elles portaient des sores mûrs (en général bruns) mais pas trop (on voit des sporanges rondouillards).

Et pourquoi ne pas semer des fougères ?

Tous les sites qui expliquent comment "semer" des spores insistent très fort sur l'absolue nécessité de stériliser le substrat, le matériel, etc. C'est tout à fait cohérent : le milieu très humide nécessaire à la reproduction des fougères plait aussi aux champignons et autres mousses. En conséquence : stérilisation du substrat dans des boites de plat à emporter qui viennent du restaurant chinois. Celles-ci présentent l'avantage de supporter la chaleur et d'avoir un couvercle transparent. Il est important de bien humidifier la terre AVANT la stérilisation.

Pour ledit substrat, j'ai fait au plus simple : 1/2 terreau du commerce et 1/2 sable de rivière.

Cinq minutes dans le micro-ondes à puissance maximum pour environ 200 grammes de substrat.

Cinq minutes dans le micro-ondes à puissance maximum pour environ 200 grammes de substrat.

J'ai aussi stérilisé mes mains avec de l'alcool en gel mais pas les frondes, j'aurais peut-être dû... on verra.

De nombreux sites spécialisés conseillent de laisser sécher les frondes dans une enveloppe en papier puis de "semer" les spores ainsi récoltées : elles se présentent sous la forme d'une fine poussière. J'ai préféré déposer les frondes fraîches directement dans les boites, sores vers le bas. C'est purement intuitif ... on verra (encore !).

J'ai déposé mes boites fermées sur l'appui de fenêtre de la salle de bain, au Nord. Il faut de la lumière mais pas les rayons directs du soleil. D'après ce que j'ai lu, une température de 18 à 22° est l'idéal pour la germination des spores, la formation des prothalles et la fécondation.
J'ai déposé mes boites fermées sur l'appui de fenêtre de la salle de bain, au Nord. Il faut de la lumière mais pas les rayons directs du soleil. D'après ce que j'ai lu, une température de 18 à 22° est l'idéal pour la germination des spores, la formation des prothalles et la fécondation.

J'ai déposé mes boites fermées sur l'appui de fenêtre de la salle de bain, au Nord. Il faut de la lumière mais pas les rayons directs du soleil. D'après ce que j'ai lu, une température de 18 à 22° est l'idéal pour la germination des spores, la formation des prothalles et la fécondation.

Voilà, j'attends la suite des évènements...sans toucher à rien. Lorsque je verrai qu'une couche verte se forme sur la terre, j'enlèverai les morceaux de fronde... en espérant qu'il s'agisse bien de jeunes prothalles de fougères et non de mousses ou d'algues. Et si ça ne marche pas... ben je recommencerai !

Cela dit, en attendant, si certain(e)s d'entre vous ont déjà réussi la multiplication des fougères, ça m'intéresse...donnez-moi vos conseils, please !

Vous avez compris que, dans mon cas, il s'agissait d'un essai. Mais de nombreux sites de spécialistes proposent des conseils éclairés sur la reproduction des fougères par les spores. Voici quelques liens qui me paraissent intéressants si, de votre côté, vous avez aussi envie d'essayer :

Publié dans jardin d'agrément, Semis

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
J'aime bien les fougères également pour l'ambiance intime de sous-bois qu'elles inspirent. Merci pour ton idée, je vais essayer également le semis, et plus particulièrement Dryopteris erythrosora. Je vais suivre ta méthode, peut-être en ajoutant une part de marc de café au mélange ????<br /> Par contre, certaines fougères (toutes celles avec des nuances de gris et de bleu) ne se plaisent pas du tout chez moi ! Etrange !!!!
Répondre
C
ici nous sommes envahis par les fougères et jamais je n'aurais pensé qu'on puisse les semer! <br /> j'ai planté une osmonde royale il y a 3 ans, mais qui ne donne pas entière satisfaction, il a fait encore trop sec cette année..elle repart bien du pied au printemps, mais ensuite s'étiole, dommage!<br /> tu m'étonneras toujours avec la teneur de tes billets, à chaque fois, c'est comme à Noël, j'ai hâte de savoir ce que tu vas nous raconter!<br /> vivement la suite de tes expérimentations, surtout fais nous en part!<br /> bonne fin de soirée à bientôt
Répondre
A
Bonjour Catherine,<br /> C'est qu'il y a fougère et fougère. Chez nous aussi les fougères (aigle notamment) envahiraient tout si on les laissait faire. Mais il y a toutes sortes de variétés horticoles qui sont très belles et bien moins envahissantes et elles sont bien pratiques à l'ombre ! Nous avons planté une osmonde dans une partie "marécage" de la mare. Elle s'y plaît bien mais a toujours les pieds plus ou moins dans l'eau (enfin dans la sphaigne très humide). J'ai lu que, dans le meilleur des cas, il fallait au moins un an avant d'obtenir de petites fougères dignes de ce nom alors je pense que je vais multiplier mes chances en essayant d'autres méthodes que celle qui est dans l'article. C'est bien amusant, tout ça !