Un jardin naturel ? 10 du 10 de février
Un jardin, c'est artificiel. Sinon, ce ne serait pas un jardin. Mais en ajoutant une note de spontanéité par-ci, un détail "authentique", par là et surtout en évitant certains matériaux, on peut donner à son jardin un petit air sauvageon et indiscipliné qui ferait presque croire qu'il a poussé là tout seul. Ci-dessous, je vous propose ma conception du jardin... le plus naturel possible.
Cet article a été écrit (en retard) pour le 10 du 10 de février dont le thème est : "naturel". Mais emportée par mon élan, j'ai dépassé les 10 photos règlementaires. J'espère qu'il ne m'en sera pas tenu rigueur...
Toutes les explications sur le défi "10 du 10" en bas de page
Les pierres de la région se trouvent... dans la région, ce qui n'est pas leur moindre intérêt. On peut les acheter directement sur le lieu d'extraction et de ce fait, elles reviennent moins cher. Parfois, on peut même les récupérer dans son jardin. Les pierres "importées", comme on en vend dans les jardineries, jurent avec les constructions avoisinantes et ne s'intègrent pas au décor.
Quand nous avons installé les panneaux solaires, nous avons conservé les ardoises enlevées. En les superposant en arête sur les 3/4 de leur surface, elles font des bordures faciles à poser et assez solides, qui suivent le bord des parterres avec souplesse. Les couvreurs doivent payer pour se débarrasser des vieilles ardoises et des vieilles tuiles des toits qu'ils démontent, ils ne demandent souvent pas mieux que de les donner.
Faire simple, c'est souvent aussi faire bon-marché. Ces petites portes bricolées "maison" avec le restant de la girondine s'intègrent bien dans la clôture et coûtent trois fois rien.
Pourquoi arracher la végétation existante et labourer pour ensuite semer des "prairies fleuries" achetées en sachets ? Les plantes spontanées, adaptées au climat et à la région sont aussi très jolies et s'installent rapidement dès qu'on les laisse faire. Le tapis fleuri obtenu est beaucoup plus résistant et, surtout, il revient d'année en année sans aucune intervention. Si on le souhaite, il est possible ici et là, de l'enrichir avec quelques vivaces bien adaptées à cet usage.
Au printemps, le bugle rampant, les véroniques, les potentilles "faux-fraisiers" et les boutons d'or émaillent la prairie de leurs couleurs.
Bien que les digitales pourpres soient très nombreuses dans les clairières de la région, elles ne poussaient pas spontanément dans mon jardin. J'en ai semé une seule fois il y a presque trente ans. Depuis, elles reviennent fidèlement. Je suis même obligée d'en enlever.
Pour avoir des digitales "non-stop", il faut évidemment laisser les graines se former. Elles tombent alors sur le sol et commencent à pousser jusqu'à la fin de l'automne. Elles fleuriront l'année suivante.
Certaines plantes, même non-indigènes, quand elles trouvent des conditions qui leur conviennent se ressèment à qui-mieux-mieux. Certains diront qu'elles sont envahissantes, c'est un point de vue. Pour moi, avec leur habitude de pousser là où ça leur chante, elles amènent une touche de naturel que le meilleur paysagiste n'arriverait pas à créer.
Le petit pavot du Pays de Galles a l'art de se ressemer dans les coins sombres qu'il éclaire de son jaune "pétant"
Il y en a qui vont hurler !
Notre mare est tout à fait artificielle, c'est une bâche en EPDM qui la rend étanche. Mais s'il y a bien un genre de mare dont j'ai horreur, ce sont celles dont on aperçoit la bâche, parfois même sur les bords. Aussi, quand nous avons créé la nôtre, nous avons mis de la terre au fond, sur la bâche, carrément. Je ne voulais pas de plantes coincées dans des pots , elles se s ont installées là où elles voulaient.
Bon, j'avoue, au début l'eau était souvent verte. Mais peu à peu, la végétation s'est installée. Maintenant, en fonction des saisons, l'eau est parfois limpide, parfois trouble, mais nous n'avons plus jamais de problèmes d'algues vertes ou filamenteuses. L'entretien consiste à enlever les plantes qui auraient tendance à prendre le dessus sur les autres. Mais pas de filtre, pas de pots ajourés, pas de pompe. Seulement des grenouilles, des tritons et, de temps en temps, la visite d'un couple de canards sauvages.
C'est une banalité. Pourtant, quand on se retrouve confronté à un problème, c'est parfois difficile de ne pas intervenir. Alors, pour sauver ses chère plantes, on piège, on traite, on arrache. On croit avoir apporté une solution mais on ne fait souvent qu'aggraver les choses. Intervenir le moins possible permet d'instaurer un équilibre qui profite à tout le monde.
Et puis, comment pourrait-on parler de naturel sans oiseaux qui chantent, sans insectes qui butinent et sans grenouilles qui coassent ?
Pas de plastique dans mon jardin ! Jamais, au grand jamais ! Je hais le plastique. Il vieillit mal, devient tout terne et cassant. Le moindre petit morceau qui traine, même si c'est un petit bout de lien pour arbre fruitier, me donne des boutons. Le seul plastique que je tolère, parce que je ne sais pas faire autrement, c'est celui des godets de repiquage et des plateaux alvéolés. Et encore, je rêve de les remplacer par des terrines et des pots en terre... ça viendra !
Je n'aime pas les bordures de pelouse taillées au cordeau. Je préfère les parterres qui débordent un peu et donnent au jardin un petit air indiscipliné genre : " Quand la jardinière est partie, les plantes dansent". Hé bien qu'elles dansent, ça me plaît !
Devant la maison, les espaces entre le pavé et le mur accueillent des plantations qui aiment le soleil. Elles débordent juste assez pour que ce soit joli, mais pas trop pour ne pas encombrer le passage
Quelques branches du merisier à tailler, et voilà une bordure qui s'intègre parfaitement et va se décomposer tout doucement au fil des saisons.
Bordure réalisée avec des branches de merisier. Elles dureront quelques années, le temps de se décomposer et de retourner à la terre
Dans ma haine du plastique, je n'utilise que des arrosoirs et des bassines en zinc. Plutôt que de les exposer à un endroit précis, j'utilise les miens et je les laisse trainer là où je m'en suis servie ! C'est pareil avec les outils : je les choisis toujours en bois et en métal, de couleur naturelle, afin de pouvoir les laisser trainer sans qu'ils gâchent le paysage.
Les objets en zinc ne sont pas là pour décorer : je m'en sers. N'empêche, j'aime bien leur côté désuet et l'ambiance qu'ils créent.
Non, les branches et les arbres morts n'amènent pas de maladies. Ils se décomposent sur le sol et l'enrichissent. Ils offrent un abri et de la nourriture à bon nombre d'animaux, à commencer par les pics épeiches et les sitelles que nous aimons tant. Bien sûr, les branches mortes ne peuvent pas toujours être laissés là où elles tombent. Mais on peut en faire des tas ici et là, où elles serviront de refuge au troglodyte, par exemple.
Quant aux arbres morts, plutôt que de s'acharner à les déraciner, il est bien plus simple de s'en servir comme support pour une glycine, par exemple. (Attention quand même, un grand arbre mort peut représenter un danger)
Nous avons conservé le tronc du vieux cerisier. Il est régulièrement visité par les pics. Une jolie glycine le décore au printemps
Il y a encore bien d'autres éléments qui donnent à un jardin une allure naturelle. On pourrait écrire un livre à ce sujet (il en existe d'ailleurs plusieurs). Mais je m'arrête là car j'ai déjà dépassé mon quota. Cela dit, les commentaires sont ouverts et je me réjouis de lire vos bonnes idées.
1 . Pour connaître le thème du mois : rendez-vous ici, sur le blog "j'habite à Waterford". En général le nouveau thème est publié vers le 8 de chaque mois
2 . Logique... réaliser un article (oui, il faut un blog, si j'ai bien compris) avec dix photos correspondant au thème (et, éventuellement, quelques commentaires)
3 . Se rendre sur cette page et remplir un petit formulaire dit "linky tool" qui, comme son nom l'indique, créera un lien vers votre article, permettant ainsi à chaque visiteur d'y accéder.
Voilà, c'est super-simple, amusant et convivial...