10 types de jardiniers qu'il vaudrait mieux éviter
Sans doute, comme moi, faites-vous visiter votre jardin à tous vos invités, même à ceux qui n'en manifestent pas l'envie. Ce n'est pas sans danger et souvent, notre égo n'en retire pas toutes les satisfactions escomptées. Vous voulez des exemples ? En voilà :
Il pèse tout ce qui sort de son potager et en fait des tableaux avec Excel. Avant de vous dire bonjour, il vous demande si vous avez déjà récolté des tomates cette année. Lui, oui ! Il peut même vous dire combien de kilos de chaque variété. Il compte atteindre l'autonomie alimentaire d'ici peu grâce à la (permaculture, biodynamie, agroécologie : au choix). Bon prince, il veut bien passer un après-midi ou deux avec vous pour vous donner quelques conseils.
Quand ce ne sont pas les limaces qui ont exterminé ses salades, ce sont les merles qui ont mangé ses groseilles ou les campagnols qui ont grignoté ses carottes par la racine. En plus, il a hérité d'une terre sableuse (ou argileuse) impossible à cultiver. Ah, vous en avez de la chance, vous, avec votre trop bonne terre ! Il vous annonce avec des trémolos dans la voix que, c'est décidé, il "arrête le jardinage". Malheureusement, il recommence toujours. On le reconnaît facilement à son ton larmoyant.
Elle trouve vos poireaux faméliques extraordinaires et se pâme devant votre récolte de haricots trop avancés. Elle, "elle n'a pas la main verte", même les cactus de son salon périclitent. Peut-être pourriez-vous venir voir son jardin pour lui donner quelques conseils ? Gardez-vous en bien : elle ne les suivra quand même pas !
Votre jardin est magnifique ! Mais quel travail ! Elle se demande d'ailleurs comment vous faites pour entretenir un aussi grand jardin tout en travaillant et en élevant vos enfants (manifestement vous devez négliger l'un ou l'autre). Elle aimerait bien, elle aussi, avoir un beau jardin mais... elle n'a pas le temps !
Il se promène dans votre potager, APPAREMMENT admiratif. Puis il vous sort sur un ton dégagé : " tiens, tu mets des haricots à côté des oignons ? " S'en suit (dans le meilleur des cas) un discours de 15 minutes émaillé de noms propres qui vous sont vaguement familiers mais parmi lesquels figure toujours "Pascal Poot". Moi, dans ces cas-là, je dis "oui, oui".
Vous venez à peine de lui expliquer le principe des hybridations chez Cucurbita pepo (par exemple), qu'il est déjà en train de le répéter à ses enfants admiratifs devant tant de savoirs horticoles (ou à sa femme, tout aussi admirative). Et vous, vous ne pouvez quand même pas affirmer "C'est moi qui vient de lui dire !". Estimez-vous encore heureuse s'il ne vous explique pas dans les minutes qui suivent ce que vous venez précisément de lui apprendre (si, si, ça existe des gens comme ça !).
En découvrant votre potager où tout est mélangé au hasard, il s'exclame : "Ah tu pratiques la permaculture". Mais quand il apprend que non, vous faites un peu n'importe comment pour voir, il vous explique ce qu'EST la permaculture : ses valeurs, son histoire, ses pionniers et surtout, surtout, pourquoi la permaculture est un MODE DE VIE et pas une simple technique de jardinage. On peut remplacer permaculture par biodynamie, mais ça dure plus longtemps.
Il est Président du club horticole de ... et vous fait l'honneur de visiter votre jardin. Après avoir identifié quelques variétés par leur nom latin, il vous demande comment s'appelle cette ... quoi déjà ? Zut, vous avez oublié ! Il ne dit rien... il est bien élevé... et même il vous sourit : il est compréhensif. Évidemment, vous, ça vous stresse : plus moyen de vous souvenir du nom de la moindre violette. Finalement, il s'adresse plutôt à votre mari qui n'y connaît rien mais qui, comme par miracle, va lui lâcher : "c'est un Sisyrinchium striatum ". Rageant !
Vous, vous adorez votre jardin et vous trouvez que ces quelques plantes indigènes spontanées lui donnent un cachet unique. Elle aussi... dit-elle. Mais après quelques minutes, la machine se met en marche : " C'est terrible ce que les mauvaises herbes poussent vite, hein, ça étouffe tout !" et puis un peu plus loin "ah zut, tes poireaux ont la rouille". Vous, vous n'aviez rien remarqué mais elle, si ! Elle voit aussi les signes avant-coureurs du mildiou, les salades qui ont soif et les première chenilles sur vos choux. Et ça lui fend le cœur. Quand elle s'en va (enfin), vous en êtes convaincue : vous êtes une jardinière nulle.
Il est dans votre jardin, mais il vous parle surtout du sien. Bien-sûr, le vôtre, que vous cultivez avec amour depuis près de trente ans, "commence à devenir pas mal" . Lui, il va faire quelque chose de contemporain, avec des perspectives et des sous-bois. " C'est un peu peu kitch, hein, ton talus planté de rhododendrons rouges et de piéris", dit-il. Puis il ajoute, indulgent : "hé oui, c'était à la mode dans les années septante !". Ben oui...
Bon, c'était pour rire, hein. Juste pour vous montrer que, moi aussi, je pourrais écrire dans Marie Claire. Si vous vous êtes reconnus, sachez que je vous aime quand même. Bisous.