Un sport dans mes Grootendorsts
J'avoue que c'est un titre un peu abscons et pourtant, je n'invente rien
C'est un beau rosier, un "Rosa Rugosa". Vous savez, ces rosiers increvables, parfumés, qui poussent souvent sur les talus le long des autoroutes. Leur seul défaut : ils sont très épineux.
Pink Grootendorst ne déroge pas à la règle : il vaut mieux mettre des gants quand on s'en occupe. Par contre il forme un buisson dense et vigoureux, au feuillage toujours sain et aux jolies fleurs roses qui font penser à des œillets.
Celui-ci est une bouture de bouture de mon premier "Pink Grootendorst" acheté chez André Eve il y a bien longtemps.
C'est assez fréquent chez les rosiers : il arrive parfois qu'une cellule mute. Un gène, sans qu'on sache trop pourquoi, se modifie un peu. Le plus souvent, cela ne se voit pas. Mais quelquefois, une partie de la plante est un peu différente des autres : rameaux plus longs, feuilles plus petites... ou alors, comme sur mon "Pink Grootendorst", les fleurs prennent une nouvelle couleur.
Sur ce bouquet, on retrouve une fleur rose, une plus foncée et deux bicolores. On peut affirmer sans trop de risques que toutes les fleurs rose foncé sont formées de cellules qui descendent de celle qui a muté.
Dans les tiges et les feuilles, qui portent ces fleurs plus foncées, on peut certainement retrouver ce gène muté, même si ça ne se voit pas.
Cette variation est génétique. En conséquence, toutes les cellules qui descendent de celle qui a muté portent ce caractère. Pour récupérer le rosier "nouvelle version" il suffit, en théorie, de bouturer la tige porteuse de la mutation. C'est ce que je vais faire, évidemment, dès qu'elle sera assez développée.
Pourquoi "en théorie" ? Hé bien parce que, en pratique, une mutation n'est pas forcément stable et que le plant issu de bouture peut parfaitement retourner au type de départ. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé avec ce rosier "Pink Grootendorst" : il est issu d'une bouture de Grootendorst pourpre apparue sur un ancien "Pink Grootendorst". Vous ne suivez plus ? Je comprends : moi aussi, je m'embrouille !
N'empêche, c'est amusant. C'est ainsi que pas mal de rosiers célèbres sont nés, comme par exemple de nombreux "sports" de la fameuse Zéphyrine Drouhin.
Notez bien que mon sport, s'il est intéressant, n'a rien d'original car des variétés de "Grootendorsts" aux fleurs pourpres sont commercialisées depuis le début du XXe siècle. Bon, je ne désespère pas et chaque petite fleur qui naît est scrutée à la loupe, ou presque. Qui sait, peut-être qu'un jour, une nouvelle variété de roses s'appellera "quatre moineaux". On peut rêver...