Ce que je viens d'apprendre sur les hémérocalles (1)
J'attendais le 14 février avec impatience... pour semer mes précieuses graines d'hémérocalles reçues de Marie Thérèse Desvignes dans le cadre du SOL.
Alors, comme je n'y connais pas grand-chose en hémérocalles, j'ai commencé par chercher quelques renseignements à leur sujet et, de fil en aiguille... vous savez comment ça va : j'ai passé mon samedi (et une grosse partie de mon dimanche) à lire des trucs sur les hémérocalles. Et comme toujours, j'ai découvert des choses passionnantes à leur sujet. En tout cas, ça m'a passionné.
En fin de compte, je vais vous décevoir si vous espériez des conseils pratiques, j'ai décidé d'attendre encore un peu avant de faire mes semis. Mais je sens grandir en moi comme une sorte d'attirance... envers les hémérocalles. Ben oui, c'est la Saint Valentin, après tout.
En pleine canicule, au mois de juin : les hémérocalles gardent une belle allure. C'est une bonne raison pour les aimer.
Voilà ce qui m'a perdue : je suis tombée sur un chouette article de Kathy Keeler, une américaine qui possède un site internet passionnant appelé A Wandering Botanist . Elle a consacré un article aux "daylilies".
Ce n'était qu'un début. Ensuite... je me suis égarée.
J'ai tout de même essayé de faire une petite synthèse avec ce que j'ai trouvé mais il y a vraiment beaucoup de choses à raconter. En conséquence, il y aura plusieurs articles.
J'en étais persuadée : pour moi, les hémérocalles étaient originaires des États-Unis. Il parait que beaucoup de jardiniers partagent cette croyance. Ouf ! J'échappe au ridicule. Enfin, maintenant, je sais : la terre d'origine des Hémérocalles, c'est l'Asie... où l'on trouve, d'ailleurs, une vingtaine d'espèces différentes. (1)
Cependant, aux États-Unis, les hémérocalles, et plus particulièrement celles qui sont oranges et appartiennent à l'espèce Hemerocallis fulva, se sont échappées des jardins et colonisent les bords des routes : on pourrait les prendre pour des "natives". Voici un exemple, dans l’État de West-Virginia.
J'imaginais aussi que les hémérocalles étaient des plantes relativement "modernes", découvertes (par les Américains) et importées en Europe depuis peu. Encore une idée fausse ! Elles auraient été amenées dans nos contrées dès le 16e siècle par des marchands qui faisaient le voyage jusqu'en extrême orient. A cette époque, deux espèces ont été décrites : l'une était orange (Hémérocallis fulva) : c'est la variété que vous voyez sur la photo ci-dessus aux Etats-Unis. L'autre était jaune (Hemerocallis flava). C'est la variété très parfumée, un peu démodée, que l'on trouve encore aujourd'hui en larges touffes dans les jardins de "grand-mères"... et aux quatre-moineaux.
Si vous voulez tous les détails, je vous conseille d'aller lire l'article de Shui-Ying Hu paru en 1968 dans The american Horticultural magazine (3), tout s'y trouve. Y compris une carte (un peu hypothétique) du chemin qu'auraient emprunté Hemerocallis fulva et flava pour arriver jusqu'à nous :
Les lignes en pointillé représentent les routes par lesquelle les hémérocalles jaunes auraient, dans un premier temps, été introduites en Europe de l'Est par les Mongols. Les lignes interrompues et entières représentent le chemin suivi par l'hémérocalle orange (Hemerocallis fulva).
Petit à petit, les hémérocalles sont sorties des jardins de château ou des monastères et ont fait leur entrée dans les jardins de "Monsieur (et Madame) tout le monde".
Une belle gravure d'hémérocalle par Nicolaus Joseph von Jacquin dans Hortus botanicus Vindobonensis en 1772 (5)
Ça va encore allonger le texte mais voici une petite anecdote amusante qui montre que l'hémérocalle était déjà populaire au 18e siècle : lors de la conception du calendrier républicain, il n'était plus question d'identifier les jours par un ci-devant saint patron. On a eu l'idée de les remplacer remplacer par des noms de plantes ou d'autres éléments lié à la nature et aux pratiques agricoles.
C'est ainsi que le deuxième jour du mois de prairial, soit le 21 ou le 22 mai selon les années, s'est vu attribuer le nom d'hémérocalle. (7)
Alors, comme il était habituel d'aller piocher dans les saints du calendrier pour trouver un beau prénom à son bébé, la tradition s'est un peu modifiée. Et c'est ainsi que des petit(e)s Hémérocalles ont vu le jour.
Ce n'est sans doute pas un prénom facile à porter. Mais d'autres ont eu encore moins de chance. Comme le fils de Jean Teyssandier, boucher, charcutier et tueur de cochons à Terrasson, qui est né le 7 Nivôse an 3... jour également appelé terre végétale : un prénom un peu compliqué. C'est sans doute pourquoi ses parents ont plutôt choisi le nom du jour suivant : fumier. A priori, l'officier d'Etat civil a trouvé ça normal... (6)
Mais nous nous éloignons du sujet. Continuons notre voyage avec les Hémérocalles.
Dès le 17e siècle on en trouve en Amérique. Selon plusieurs sources non vérifiables, ce seraient les colons européens qui les auraient emportés dans leurs bagages... pour leur rappeler le pays. Je veux bien mais j'ai tout de même quelques doutes à ce sujet : si je devais tout quitter pour tenter ma chance de l'autre côté de l'Atlantique, il me semble que j'emporterais autre chose qu'un petit bout d'hémérocalle dans mes bagages.
Toujours est-il que les hémérocalles sont arrivées en Amérique, s'y sont plu et s'y sont installées. D'abord dans les jardins puis... dans la nature.
(Source : Oak forest technology solutions, landscaping with daylilies. On accède au site en cliquant sur l'image)
En Asie, et particulièrement en Chine, les hémérocalles sont cultivées depuis plusieurs millénaires, à la fois en tant que plantes décoratives mais aussi comme... légumes. Eh oui ! S'il nous arrive en Europe de décorer une salade de quelques pétales d'hémérocalles, là-bas, dans certaines régions en tout cas, on la cultive à grande échelle. Ce sont surtout ses boutons floraux qui sont recherchés, même si d'autres parties comme les pousses et les racines sont consommables.
Je suis tombée sur cette petite vidéo publicitaire d'une chaîne de télévision officielle chinoise montrant une "ferme" à hémérocalles, c'est assez impressionnant.
Il existe un "plan de relance" chinois qui vise à développer la culture des hémérocalles pour lutter contre la pauvreté.(8)
Allez, j'arrête. Il y aura une suite car je voudrais encore trouver des réponses précises et surtout sérieuses, à quelques questions du genre :
- C'est quoi cette histoire de triploïde et de quadriploïde (oui, je sais ce que c'est mais je voudrais en savoir plus sur la façon de les produire, leur reproduction, ce que ça apporte à la plante, etc.)
- Quelle est la meilleure façon de les semer (si elle existe) et à quoi sert l'eau oxygénée, si souvent conseillée ?
Et je ne doute pas qu'en cherchant les réponses à ces questions, je vais encore m'engager dans des chemins de traverse... où vous me suivrez si vous voulez.
A bientôt : pendant la semaine je vous montrerai l'évolution de mes petits poivrons et aubergines
(1) A wandering botanist, Tales of a lover of plants, history and travel, Plant Story--Daylilies, From Asia, Beautiful and Not Lilies , 13 mai 2018. URL : http://khkeeler.blogspot.com/2018/05/plant-story-daylilies-from-asia.html
(2)Ray Allen, Daylilies, the most popular perennials of them all. American maedows. URL : https://www.americanmeadows.com/daylilies
(3) Steven Foster, Yue ChongxiHerbal Emissaries, Bringing Chinese Herbs to the West : A Guide to Gardening, Herb, Wisdom, and Well-Being, Inner Traditions / Bear & Co, 1992 - 356 pages (Extraits dans Google books)