Tomates en serre : mes questions, mes réponses
Cultiver des tomates en serre, c'est se poser une multitude de questions et, forcément, essayer d'y répondre le mieux possible.
Je vous propose une "petite" liste des questions que je me pose chaque année et des réponses, toujours provisoires, que j'y apporte.
Ce ne sont pas des recettes qui marchent à tous les coups mais plutôt un partage d'expériences et un bilan de ma saison 2016.
Ma réponse est OUI ! Je cultive en général un seul plant de chaque variété. J'avoue que c'est surtout pour des raisons esthétiques : une serre remplie de tomates de toutes les couleurs, c'est joli. Mais ce n'est pas le seul avantage : chaque variété est adaptée à des conditions météorologiques particulières. Une année n'étant pas l'autre, tout miser sur deux ou trois variétés, c'est un peu comme mettre tous ses œufs dans le même panier : on peut avoir beaucoup de chance ou... pas de chance du tout.
Dans les émissions anglaises, les tomates en serre sont toujours cultivées en pots ou en sacs de terreau adaptés à cette fonction. Moi, je plante dans le sol de la serre, ça me parait plus simple et les plants ont plus de place pour développer leurs racines.
Cette année, j'ai aussi planté deux variétés en pots : Ditmarsher et Sanka. L'une est une tomate-cerise, l'autre une "grosse" tomate. Les deux sont précoces.
Constats : pour une même variété, les plantes en pots ont été sensiblement plus précoces que celles cultivées en terre et ont produit tout aussi longtemps. Par contre, ça parait évident, ce mode de culture demande beaucoup plus d'arrosages. Je limite donc l'usage des pots à quelques plants pour avancer un peu la saison.
En ce qui concerne les sacs de culture, je n'ai jamais essayé car je trouve ce procédé onéreux et je n'ai pas envie d'acheter du terreau du commerce quand j'ai mon propre compost "maison".
Fin août, quelques jours d'inattention et la catastrophe est arrivée : le mildiou, qui rôdait dans le jardin depuis pas mal de temps, est entré dans la serre.
Voici l'étendue des dégâts :
Sur de nombreux sites de jardinage, on nous conseille dans ce cas, d'arracher les plants atteints. Pour moi, cela aurait voulu dire : tous les plants !
Donc, pas question ! Je me suis contentée d'enlever (soigneusement) les parties atteintes et de pulvériser sur le reste un mélange bicarbonate de soude - savon noir, selon la recette expliquée dans la vidéo en lien ci-dessous. (Source : le blog de Fred l'apiculteur)
Astuce jardinage: Secret contre le mildiou des tomates cultivées en plein air au jardin potager
Secret contre le mildiou des tomates et des pommes de terre. Visitez ma chaîne: http://www.youtube.com/user/fcalmant?feature=mhee http://www.exometeofraiture.net ...
https://www.youtube.com/watch?v=r2uaf8K9t00&feature=youtu.be&t=12
Une technique anti-mildiou efficace et bien expliquée
Et ça a marché ! Les plants ont repris leur croissance et leur production, sans doute aidés en cela par une remontée des températures.
Toutefois, deux variétés ont été plus touchées que les autres :
La première est Grenn Moldovan, une de mes préférées que j'ai été obligée d'arracher.
Pêche blanche, quant à elle, a survécu mais elle ne s'est jamais vraiment remise de cette maladie. C'est plus étonnant pour cette variété réputée "résistante au mildiou".
En ce qui concerne les tomates, je fais un peu tout ça :
Je suis absolument fidèle à deux variétés de tomates-cerises : black cherry et raisin vert
Elles sont toutes les deux très productives, jolies, mais, surtout, très très bonnes. Black Cherry est plutôt sucrée, genre bonbon, alors que raisin vert a un goût plus musqué, typique des tomates vertes. Je les adore.
Elles aussi me sont fidèles puisque, chaque année, elles gardent leurs belles qualités.
J'aime beaucoup les très grosses tomates rouges mais elles ne sont pas faciles à cultiver en climat frais. Cette année, une seule variété m'a donné entière satisfaction. Malheureusement, je ne connais pas son nom. C'est Véronique, qui cultive ses tomates à 20 km de chez moi, qui m'en a donné les graines. Je les appelle "Grosse Véro" faute de mieux mais je précise que la "Véronique" en question est toute mince.
Cette "Grosse Véro" sera probablement la seule grosse tomate rouge cultivée en 2017 car elle surpasse toutes autres à tous points de vue.
Il y en a de si belles, de si tentantes. Résister serait impossible !
La plus belle découverte de cette année, c'est Thaï Pink Eggs : une tomate ancienne d'origine Thaïlandaise (si, si !) qui forme de grandes lianes couvertes de fruits de taille moyenne et de forme allongée : impeccable pour les salades. Elles sont la taille et la forme idéales pour les faire sécher !
J'ai reçu les graines en cadeau via "graines de troc" et j'exprime toute ma reconnaissance à celui (ou celle) qui me les a envoyées.
Quant à Early Orange Stripe, cette autre nouveauté de 2016 m'a un peu moins convaincu : la production est assez faible et son goût ne casse rien. Mais elle est si belle que je lui donnerai une seconde chance.
Parmi mes autres essais 2016, j'ai déjà parlé plus haut de deux autres variétés qui pourraient bien devenir des favorites : Ditmarsher et Sanka, parfaites en pots !
La place dans une serre étant limitée, je ne peux pas cultiver chaque année toutes les variétés qui me plaisent. Parfois, certaines m'ont déçue et je les ai abandonnées. Mais, de temps en temps, je vais rechercher un vieux sachet de graines, histoire de ne pas perdre la variété. C'est ce que j'ai pour la tomate Arbyznyi. Jusqu'ici, elle n'avait pas tenu ses promesses en termes de goût et de précocité.
Mais cette année, par contre, c'est une des meilleures tomates de la saison : précoce, belle, juteuse et un goût "à tomber là". Elle est sauvée !
Certaines variétés m'ont déçu cette année : Coeur de boeuf jaune (ou blanc ?) n'a presque pas produit, contrairement à son habitude. Dancing with smurfs (la tomate "bleue") et Gardeners' delight ont porté de nombreux fruits... presque insipides. Beefsteak et Géante Belge sont décidément trop tardives.
Quant à Green Moldovan, je pense la remplacer par Aunt Ruby, une autre grosse tomate verte qui lui ressemble mais s'est beaucoup mieux comportée face au mildiou.
"Dancing with smurfs" (ici en compagnie de "pêche blanche") n'a pas été à la hauteur de mes attentes mais "Aunt Ruby" s'est révélée intéressante.
THE question ! La non-taille des tomates est de plus en plus préconisée. Comme dans la vidéo de Damien Dekarz, ci-dessous.
Comment tailler les tomate ? - Permaculture Agroécologie Etc ...
Vidéo de permaculture, agroécologie, etc... Explication d'une technique simple pour tailler les tomates. Comment gérer les gourmands pour avoir de belles récoltes.
http://www.permacultureetc.com/2015/08/comment-tailler-les-tomate.html
Plutôt adepte du laisser-faire et du bien-être végétal, j'ai été assez vite convaincue par cette non-méthode et, cette année, j'ai décidé d'essayer.
Malgré tout, j'ai dû prendre sur moi pour ne pas enlever les "gourmands" : habitude quand tu nous tiens...
En conséquence, voici l'aspect de la serre en août :
A ce stade, j'étais assez contente du résultat : même si ça ne se voit pas sur la photo, les fruits étaient nombreux, plus nombreux que d'habitude. J'ai quand même remarqué que, chez les variétés à gros fruits (Aunt Ruby, Beefsteak, Géante Belge, Cornue Andine etc...), seules les deux ou trois tiges principales portaient des fruits.
C'est alors que le mildiou a fait son apparition.... et je n'ai plus eu le choix ! J'ai laissé autant de tiges que je pouvais mais l'aspect de la serre avait bien changé après le passage du sécateur.
Après la suppression des tiges et des feuilles malades, les fruits étaient beaucoup plus visibles mais certains pieds n'avaient pas belle allure. Heureusement, ça s'est arrangé par la suite.
Un des arguments en faveur de la non-taille repose sur l'idée qu'en laissant la plante intacte, on ne crée pas de cicatrices, considérées comme des portes d'entrée pour le mildiou. Je suis assez sceptique car, selon mes observations, le mildiou apparait plutôt sur les feuilles et sur les tiges, pas sur les cicatrices de taille.
Les adeptes de la taille pourraient rétorquer que, justement, le fait de ne pas tailler a créé un entrelacs de branches et de feuilles, entretenant ainsi une atmosphère humide autour des plantes. C'est possible.
Difficile de tirer des enseignements de cet essai : cette année a été exceptionnellement favorable au mildiou et je ne sais pas si le fait de tailler ou pas a eu une quelconque influence.
En 2017, je laisserai les tomates-cerise et les "cocktail" pousser à leur guise, sans taille et taillerai les "grosses" de façon plus classique, en laissant malgré tout deux ou trois branches par pied.
Je recouvre toujours le sol de la serre avec des tontes d'herbe, ce qui est intéressant pour limiter les arrosages. Mais je me demande si, en faisant cela, je n'apporte pas trop d'azote, surtout en période de fructification. La saison prochaine, tout en paillant raisonnablement, je compte planter, entre les tomates, des espèces plus basses telles que des salades, des haricots nains, des ullucos et, bien sûr, du basilic. Cela demandera sans doute plus d'arrosages (à voir) mais devrait augmenter la productivité de la serre, tout en protégeant le sol.
Que ce soit en purin ou enfouie dans le trou de plantation, j'ai abandonné l'ortie (je la préfère dans mon assiette). Même en début de végétation, je trouve que l'ortie induit une trop forte croissance. Je lui préfère la consoude, pour tous les légumes-fruits.
Pas question d'utiliser des engrais, qu'ils soient chimiques ou organiques. Le fumier, je n'en ai jamais mis dans la serre, bien que des horticulteurs comme ceux d'ortie -culture en utilisent avec de bons résultats. A part le paillage et le purin de consoude distribué avec (trop de) parcimonie, je me contente de recouvrir le sol de compost-maison tous des trois ans.
A en juger par l'exubérance de la végétation, c'est largement suffisant !
C'est souvent ce qui est préconisé sous prétexte que le sol s'épuiserait et renfermerait des spores de toutes sortes de maladies. Je n'y crois pas : si on le respecte il n'y a aucune raison pour que le sol d'une serre s'épuise plus vite que celui un potager et, lorsque le mildiou s'invite dans la serre (ce qui n'est arrivé que deux fois jusqu'à présent), il vient manifestement de l'extérieur : les pieds situés près de la porte sont les premiers atteints.
En plus, c'est bien trop fatigant !
Et pour finir...
L'aération est très importante, nous le savons tous. Dans ma serre, les lucarnes du toit, situées à une hauteur inaccessible, s'ouvrent et se ferment automatiquement en fonction de la température. Tant qu'il fait chaud : pas de problème, l'aération est assurée.
Oui, mais quand il fait froid, les lucarnes sont fermées et les quelques petites ouvertures percées dans le soubassement ne suffisent pas. Alors j'ouvre la porte et ça va mieux !
Oui, mais la température à l'intérieur diminue. Hé bien tant pis ! C'est un moindre mal. La seule fois où la porte est restée fermée pendant une semaine par temps pluvieux (j'étais partie en vacances), toutes les plantes étaient atteintes du mildiou à mon retour.
Une seule solution pour aérer quand le temps est gris et que la condensation reste sur les vitres : ouvrir la porte !
Voilà, plus aucune question ne me vient à l'esprit. Je serais très intéressée d'avoir votre avis sur ma façon de procéder et aussi de connaître vos réponses à ces différentes questions.
A bientôt