Le jardin de Berchigrange : comment en parler sans le trahir ?
Au hitparade de mes jardins préférés, c'est Great Dixter qui occupe la première place. Mais en Numéro deux, sans conteste, je mets Berchigranges. Je vais essayer de vous de le présenter et de vous faire partager mes émotions mais je ne suis pas certaine d'y parvenir. Je peux toujours essayer. Plutôt que de suivre un itinéraire, je vous propose un inventaire de tout ce qui m'a enchantée, touchée, étonnée dans ce jardin unique en son genre.
Note : il est possible de cliquer sur les photos pour les agrandir et les regarder sous forme de diaporama.
On n'est qu'à 600 mètres de d'altitude, mais on se sent en montagne. Rien que la petite route en lacets qui monte au jardin en traversant une épaisse forêt nous en persuade. Il faut d'ailleurs être très attentifs pour trouver l'entrée : nous sommes passés devant sans la voir. Ici, au-dessus de la forêt, on a 'impression d'être dans les alpages : l'air est plus frais, plus lumineux. On entendrait presque les cloches des vaches.
Je ne sais pas si c'est la propriétaire qui nous a reçus : je ne suis pas physionomiste pour deux sous. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle adore ce jardin. Elle en parle avec passion à un point tel qu'on n'a qu'une envie : aller le découvrir au plus vite.
Nous entrons par cette maison au toit végétalisé qui rappelle un peu la Comté (pour les amateurs du Seigneur des anneaux).
On peut aller où on veut. Pas de circuit balisé qu'il faut suivre à tout prix. Parfois, ce sont des cheminements en bois qui nous conduisent vers les différentes zones du jardin. Mais nous sommes aussi (vivement) invités à enlever nos chaussures pour expérimenter le plaisir de fouler la pelouse impeccable.
L'eau suinte de partout. On longe des étangs, on traverse de petits ruisseaux. Le "jardin de pluie" est conçu pour être encore plus romantique...sous la pluie. Il faisait très beau ce jour-là et nous avons apprécié quelques moments de repos dans la gloriette pour profiter de sa fraîcheur.
Une particularité de jardin de Berchigrange, ce sont des pelouses comme on n'en voit plus : tondues court, sans une "mauvaise herbe" et aux bordures plus qu'impeccables. C'est un aspect qui me laisse un peu perplexe : je n'aime pas que la végétation soit aussi contrôlée. Mais il faut avouer que ce tapis vert fait bien ressortir les couleurs vives des floraisons. Sans parler du plaisir de marcher sur ce tapis élastique
Le jardin "bohémien" est mon préféré : il descend en pente douce vers le bas du jardin et est composé d'une infinité de plantes d'aspect naturel qui semblent pousser là spontanément. Bien-sûr il n'en est rien ! mais l'ensemble est d'une beauté à couper le souffle. Le chemin en zigzag qui le parcourt, engazonné et aussi soigné que toutes les autres pelouses de Berchigranges, contraste magnifiquement avec l'opulence et l'exubérance de la végétation. Selon moi, c'est un chef-d’œuvre !
Le jardin est entouré de forêts. D'ailleurs, à l'origine, il s'agissait d'une sapinière que les propriétaires ont dû couper avant de commencer à planter quoi que ce soit. Mais par endroits, il reste de petits morceaux de sous-bois qui, comme le reste, sont aménagés avec beaucoup de recherche. Dans l'un d'eux, une collection de lis multicolores illumine la pénombre.
Dans un terrain en pente comme celui sur lequel le jardin est implanté, il est nécessaire de soutenir la terre par endroits. Les matériaux naturels sont privilégiés : la pierre et aussi les buches de bois provenant sans doute des arbres abattus lors du défrichement.
Bien-sûr, il y a beaucoup de fleurs, ce qui explique leur présence. Mais l'abondance des papillons est tout de même impressionnante. Ils ajoutent encore une note féérique supplémentaire à la visite. Faut-il préciser qu'on se trouve ici dans un jardin d'où tout traitement chimique est banni. (A part un peu de ferramol quand c'est vraiment nécessaire)
Il y a la charmante bibliothèque aux murs bleus qui regorge de livres de jardinages. Comme c'est frustrant de ne pas pouvoir s'y arrêter pour lire tout ce qui s'y trouve. Mais le jardin fourmille aussi de petits coins de repos comme cette gloriette. Les visiteurs sont d'ailleurs invités à s'arrêter, contempler et savourer cet endroit hors du commun.
Les propriétaires ont manifestement à cœur de promouvoir une certaine conception du jardin : respect de nature, plaisir, contemplation. Mais ils le font avec beaucoup de discrétion, sans insister lourdement. Ce "vieille voiture" toute rouillée en est un bel exemple avec son chargement de bûches sui se décomposent tout doucement et dans lesquelles de jeunes arbres ont germé.
Plus explicite, cette phrase de Saint Augustin écrite sur le miroir de la bibliothèque me semble avoir été écrite pour moi. Je ne sais pas s'il pensait au jardinage en écrivant ces mots mais on peut l'interpréter comme on veut.
Dans ce jardin qui semble gorgé d'eau malgré une période sans pluie de trois semaines, la rocaille présente un monde minéral, aride et pourtant très fleuri. Je n'aime pas vraiment les rocailles car elles ont souvent un côté artificiel et "mis en scène" qui ne me plait pas. Mais celle-ci n'en fait pas trop et s'intègre très bien à l'ensemble.
J'aime beaucoup les labyrinthes, mais à condition que l'on puisse s'y perdre VRAIMENT ! Celui-ci a atteint son but puisque nous avons dû faire plusieurs fois demi-tour. Il est composé de haies bien opaques, scrupuleusement taillées. Parfois, au détour d'un chemin, on se retrouve face à soi-même : c'est un miroir !
Du labyrinthe, on accède à la "Chambre des dames" : un lieu apaisant et très fleuri où les papillons ont l'air de se plaire beaucoup. Moi aussi et j'y serais bien restée un peu plus longtemps. Berchigranges se flatte, à juste titre, de combler tous les sens. Ici, ce sont les odeurs, confinées dans cet espace clos, qui nous enchantent (Aïe, je deviens lyrique !). Il n'y a pas que les odeurs, c'est aussi très beau.
Nous sommes fin juillet. Souvent, dans nos jardins, les floraisons marquent une pause avant de reprendre vigueur en fin d'été. Ici, tout est en fleurs. Au point que l'on se demande a quoi peut bien ressembler le jardin au printemps et en automne. C'est un mystère auquel je ne pourrai répondre qu'en allant visiter à nouveau Berchigranges à ces saisons.
Oui, oui, il y a tout dans ce jardin : le potager est lui-même très décoratif avec sa forme en demi-cercle que l'on traverse sur un chemin de bois. C'est lui qu'on découvre en arrivant. Il fait partie du "jardin de cottage" à la belle pergola de bois recouverte de rosiers. Et bien-sûr, ici aussi, tout est impeccable. D'ailleurs deux ou trois jardins sont en train d'y travailler.
Je ne sais pas vous, mais moi, quand je visite un jardin, je me réjouis toujours de voir qu'il y a une pépinière où je vais pouvoir acheter des plantes à la fin de la visite. Sans en être certaine, j'ai l'impression que les plantes proposées ici sont produites dans le jardin même. Quoi qu'il en soit, je me suis fait plaisir : un véronicastrum, deux sortes de gentianes au bleu soutenu, un népéta, aux fleurs très bleues elles aussi, un raifort panaché pour mon coin de légumes vivaces et une belle digitale ferruginea. J'ai hâte de les voir pousser aux Quatre Moineaux mais pour le moment, je les ai repiquées dans de plus grands pots : elles seront mises en place au printemps.
Bon, j'ai galéré pour vous parler de ce jardin. Alors, si vous voulez vous faire une idée objective, la meilleure solution est d'aller le visiter. IL y a aussi de nombreux reportages à son sujet et, bien-sûr, son site à visiter.
Allez, bonne nuit, demain nous parlerons de sexualité. Enfin de la sexualité des courgettes. Ça calme, hein ?
Site officiel du Jardin de Berchigranges
Le Jardin de Berchigrange est situé dans les Vosges, en Lorraine et vous offre la possibilité de visiter un lieu d'exception où les fleurs, les plantes et la botanique change au fur et à mesure...