Les jardins de LY en Picardie, ça décoiffe !
Avant le Vasterival, nous sommes passés par les jardins de LY. Enfin, quand je dis "passés", c'est une image : nous y sommes restés tout un après-midi...arrosé par un copieux orage !
Ce n'est pas un vaste domaine entretenu par des jardiniers, ici ! Ce jardin, ou plutôt CES jardins se sont construits petit à petit, tout au long de la vie de Louisette (L) et Yves (Y) Piteau. Celui-ci est malheureusement décédé mais Madame Piteau continue à entretenir ce très grand terrain avec beaucoup d'énergie et de savoir-faire... C'est elle aussi qui assure les visites et je peux vous dire qu'on ne s'y ennuie pas : ses connaissances horticoles sont encyclopédiques et elle aime les partager.
Allez, on y va !
Louisette Piteau est une dame souriante et bienveillante, mais ferme. Et quand elle dit "on y va"... On y va !
Dans ce très grand jardin on trouve TOUT : mares, potager, jardin japonais, bonzaïs... et même une basse-cour. Si vous me connaissez, vous devinez bien que c'est surtout le potager qui m'intéressait. Mais avant, il y avait les autres parties du jardin à visiter.
Une boule de buis, ok. Mais rien que des arbres taillés, ce n'est pas ce qui me fait vibrer. Je n'aime pas trop les jardins japonais. C'est sans doute un souvenir des heures d'ennui de mon enfance quand, coincée sur une chaise, je contemplais un "jardin japonais" de 20 cm sur 10 où un cactus plein de cochenilles finissait de se dessécher entre une tour "japonaise" en plastique et des graviers de toutes les couleurs. Mais allez, celui-ci est bien agencé et surtout très soigné, ça ne fait aucun doute. Dans le genre "jardin japonais", c'est sans doute ce qu'on fait de mieux.
On y trouve aussi des plantes intéressantes et très graphiques
A gauche, ginkgo biloba qui ne prend presque pas de place. A droite, de très hauts conifères à la silhouette extraordinaire.
Le jardin de LY est composé d'une succession de zones bien distinctes les unes des autres. Près du jardin japonais, le chemin passe sous une arche formée par les branches retombantes de ce (cèdre ?) pleureur. C'est vraiment une bonne idée et l'effet est charmant.
On arrive alors dans la zone des bonzaïs. Il y en a plus de cent, tous en pleine forme. Je ne suis pas trop "bonzaï" non plus. Mais là, quand-même, j'ai été bluffée. Ils sont vraiment très beaux. Si le ciel n'avait pas commencé à être menaçant, j'aurais volontiers passé plus de temps à les admirer un par un.
Le voilà, celui que j'attendais : le potager ! Vous me direz que j'en ai déjà vu, des potagers. Mais des comme ça, jamais ! C'est un auto-potager. Si, si. Il est constitué (quasi ?) uniquement de légumes vivaces et d'autres, qui se ressèment tout seuls ! Le travail de Louisette (allez, je dis "Louisette", c'est plus facile), consiste "simplement" à repérer les légumes qu'elle veut garder et à éliminer les autres. Je suis vraiment impatiente de voir ça !
Sauf que...
Nous étions à peine entrés dans le fameux potager lorsque l'orage, qui menaçait depuis un bon moment, a éclaté ! Malgré quelques minutes de stoïcisme, il a bien fallu se rendre à l'évidence : impossible de poursuivre la visite. Plusieurs personnes sont parties... Allez, ce n'est rien, on reviendra !
Mais finalement, il faut bien se rendre à l'évidence : impossible de poursuivre la visite sous cette drache !
Mais c'était compter sans l'hospitalité de notre hôtesse qui nous a gentiment accueillis dans sa véranda, remplie de cactus gigantesques et d'autres plantes exotiques. Ce fut un bon moment d'échange sur le jardinage, mais aussi sur bien d'autres thèmes. Enfin, la pluie a cessé et la visite a pu reprendre. Heureusement, car ce potager est réellement exceptionnel !
Nous le découvrons ici depuis une galerie ombragée qui abrite toute une collection de menthes particulièrement odorantes après la pluie.
Le sol est recouvert d'une couche de paillettes de lin pour éviter qu'il se compacte car il n'est jamais retourné. Cette mince couche n'empêche pas les légumes de se ressemer.
La mince couche de paillette de lin suffit pour protéger le sol mais le plus souvent, celui-ci est recouvert par la végétation.
En triant mes photos, je me suis rendu compte que, très égoïstement, je n'avais quasiment photographié que les légumes qui ne poussent pas dans mon potager... afin de remédier à cela le plus vite possible. Je vous en montre quelques-uns mais il y en a bien plus, et de toutes les sortes.
Chenopodium giganteum magenta spreen : pas encore vraiment giganteum mais très décoratif, il se ressème un peu partout.
Fagopyrum dibotrys ou épinard d'Asie : c'est incroyable le nombre de plantes qui s'appellent "épinard de quelque part" ! je ne connaissais pas celui-là.
J'ignorais complètement que certains asters étaient comestibles. Celui-ci l'est ! Il s'agit de l'Aster glehnii. Depuis, j'ai découvert qu'il y en avait d'autres !
L'igname de Chine, très décorative sur cette arche, produit des tubercules excellents... parait-il. Il faut absolument que j'en plante l'année prochaine.
La poire de terre "polymnia edulis" commence à être connue des jardiniers. Mais il y a aussi un plant de "polymnia uvedalia" une cousine qui, selon l'étiquette aurait été découverte par Jean-Luc Muselle au Guatemala et aurait surtout des vertus médicinales.
Le gingembre mioga. Il est en fleur... cherchez plutôt à ses pieds. Chez nous, aux Quatre Moineaux, il est bien rustique à l'extérieur mais n'a jamais fleuri. Par contre, dans la serre, les fleurs se succèdent.
Une ligulaire au potager ? Hé oui, ligularia fischeri est comestible et assez intéressante d'un point de vue nutritionnel...à approfondir
Voilà, il faut bien s'arrêter un jour et puis le temps manquait pour tout regarder à son aise. Le potager n'est qu'une partie du jardin et il restait encore beaucoup de choses à découvrir. Avant de le quitter, je tiens tout de même à vous faire partager ma surprise devant le style de la décoration. Il ne me viendrait jamais à l'idée de parsemer des objets aussi voyants dans mon jardin. Mais en découvrant les jardins de cette région, et plus particulièrement dans les hortillonnages à Amiens, j'ai réalisé que ces objets en métal laqué, très colorés, un peu "kitch" et décalés, étaient très appréciés. Après tout, pourquoi pas ?
Un tourniquet composé de petites pelles, des couleurs vives et chatoyantes : un style de décoration très apprécié dans la région, semble-t-il. Déconcertant mais intéressant
La suite de la visite s'est effectuée au "pas de course" : nous étions attendus à Varengeville-sur-mer à 18h. Nous avons quand même pu découvrir le labyrinthe dans les bambous (comestibles), les "statues de l'île de Pâques", le cloître végétal avec son déambulatoire et l'allée en arête de poisson au bout de laquelle trône, parait-il, Margaret Thatcher !
Les trois mares d'aspect très naturel, reliées entre elles par de petites chutes d'eau ont été réalisées par les élèves d'un lycée horticole voisin qui viennent effectuer leurs travaux pratiques au jardin de LY. L'un des étudiants a même imaginé un radeau flottant végétalisé : une très bonne idée que je lui piquerais bien !
Ah non, j'oubliais la basse-cour qui abrite toutes sortes de volatiles dont des cygnes noirs et des paons.
Nous n'avons pas tout vu, nous y retournerons. Enfin si Madame Louisette veut bien. Son jardin m'a secouée : ici, rien n'est conventionnel. Tout est inattendu et bouscule les codes. Les trouvailles et les bonnes idées foisonnent. On s'y sent bien. J'ai l'impression que je pourrais y passer des jours et des jours à fouiner un peu partout sans en découvrir tous les mystères.
Ci-dessous, j'ai mis le lien vers le site du jardin de LY où vous trouverez toutes les informations pratiques pour les visites mais aussi des vidéos, des articles de journaux, etc... Si vous voulez le visiter, dépêchez-vous, c'est jusqu'au premier septembre. Après il vous faudra attendre le mois de juin.