Le légume du dimanche : la valériane phu ou mâche vivace
C'est un petit plant que j'ai acheté chez Ortie-culture en 2016 : c'est une "pépinière comestible" que j'adore et j'ai beau m'y rendre tous les ans, j'y trouve toujours des nouveautés. Enfin soit, une mâche vivace, il fallait que j'essaye ça. J'ai bien fait !
Elle n'a pas l'air vraiment exotique mais avec un nom pareil, je pensais qu'elle était asiatique : vietnamienne, par exemple... Eh bien, pas le moins du monde ! Selon les maigres sources que j'ai pu trouver, elle viendrait soit de Turquie (en Angleterre on l'appelle parfois Turkey Valerian) soit... d'on ne sait pas où, mais probablement du bassin méditerranéen.
Un petit air "bien de chez nous" ! D'ailleurs, on en trouve qui poussent spontanément dans la nature.
Mais pourquoi phu, alors ? Eh bien c'est du grec, semble-t-il : "phu" veut dite tout simplement "valériane". En l'appelant Valeriana phu Linné ne s'est pas beaucoup creusé les méninges. Encore fallait-il connaître le grec, c'est vrai !
C'est quand on commence à s'aventurer dans ses multiples noms français, que ça se complique !
Par exemple, "mâche vivace". D'où vient cette appellation ?
Sur la première photo : une mâche annuelle. Sur la deuxième : la valériane phu. Avouez qu'on s'y tromperait !
La mâche annuelle est assez proche botaniquement de la valériane phu, son nom scientifique est Valerianella locusta. Elle appartient toutefois un autre genre. J'imagine que ce lien de famille justifie l'appellation "mâche vivace", sans doute plus attrayante que valériane phu pour l'acheteur potentiel.
La Valeriana phu est également appelée "grande valériane". C'est plutôt déroutant car l'espèce avec laquelle on pourrait le plus facilement la confondre, Valeriana officinalis, est plus grande qu'elle !
Valériane officinale : elle pousse spontanément dans mon jardin mais je n'ai jamais eu l'idée de la prendre en photo alors j'emprunte celle ci.Magnus Manske / CC BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)
Et puis, il y a encore cet autre nom : valériane de jardins ! Alors là, c'est le pompon ! Parce que ce qu'on appelle aussi souvent, chez nous, la valériane des jardins, c'est ceci :
Rouge ou blanc, parfois aussi appelé lilas d'Espagne, le Ceranthus ruber n'est pas (tout à fait) une valériane !
Quand je dis que ce n'est pas une valériane, c'est parce qu'il n'appartient pas au genre Valeriana comme la valériane phu et l'officinale mais c'est tout de même un membre de la famille des valérianacées ou plutôt des caprifoliacées, comme les valérianes...😜 Rhaaaaaa !
Je passe sur ses autres appellations, telle que "herbe-aux-chats" !
Enfin, tout ça pour vous dire qu'il vaut mieux l'appeler valeriana phu : on risque moins les confusions.
A part ça, on la cultive comment ?
Oh rien de plus facile... si elle n'a pas trop chaud ou trop soif. Et cette année, ce n'était pas gagné :
Mais les voici maintenant après une période de pluie, on peut dire qu'elles ont repris du poil de la bête !
L'idéal, c'est de leur fournir un emplacement à l'ombre où le sol reste frais... quand on a ça. Sinon, comme vous voyez, elles arrivent à survivre... même si elles ne sont pas jolies-jolies.
Toutes ces valérianes phu et quelques autres disséminées dans le potager, sont les descendantes du petit pied acheté il y a quatre ans chez Ortie-culture. Pour les multiplier, rien n'est plus simple : la plante produit de multiples rosettes partant de la base. Il suffit d'en prélever une à la périphérie : le bas de la tige, qui repose sur la terre, porte quelques racines. On la repique et hop ! C'est fait.
Et voilà ! En deux temps, trois mouvements, c'est fini. C'est une bonne période pour faire ça : je vais m'y employer afin que le sol soit complètement occupé.
Et le semis, me direz-vous ? eh bien là, je vais vous décevoir : aucune de mes valérianes phu n'a jamais produit la moindre fleur ! Ce n'est pas plus mal quand on veut juste les consommer mais ça limite considérable les possibilités de partage !
Si un jour elles fleurissent, voici à quoi elles devraient ressembler (photo : Kriss de Niort du blog Faaxaal sur lequel on peut trouver pas mal de photos "nature" gratuites et libres de droit) .
Parfois, elles me font des feuilles un peu plus divisées et je crois qu'elles sont en train de former leurs tiges florales. Mais rien ! C'est peut-être une variété sélectionnée pour ne pas "monter".
Dans mon potager, la valériane phu se développe plus lentement que la mâche annuelle mais d'un autre côté, quand on prend la peine de l'arroser en été (contrairement à ce que j'ai fait), on peut en récolter depuis le début du printemps jusqu'en automne et même parfois en hiver, ce qui est bien intéressant. D'autant plus que c'est une bonne salade : assez croquante mais pas coriace, douce avec un goût un peu différent de celui de la mâche annuelle. On récolte feuille-à-feuille et elle repousse non-stop.
On prête à la valériane phu, comme à sa cousine la valériane officinale, de multiples vertus médicinales mais vous savez que je n'aime pas trop m'aventurer sur ce terrain. Je me contenterai de dire qu'on en vend sous toutes sortes de formes pour favoriser un bon sommeil.
Voilà, c'est le légume "du dimanche", désolée pour le retard mais j'étais trop occupée hier.
Au fait, vous savez qu'il existe une variété "aurea" dorée ? J'en cherche...
Sources
(1). Valeriana. Valeriaan, volkoomen.nl. URL en Néerlandais : http://www.volkoomen.nl/v,w,x,y,z/valerIANA.htm -- Traduction Google
(2).Kew science, plant of the world Online, valeriana phu. URL : http://powo.science.kew.org/taxon/urn:lsid:ipni.org:names:860052-1#bibliography