Le légume du dimanche : l'hélianthi

Publié le par Annick Boidron

Quand j'étais petite, on me disait souvent, allez savoir pourquoi, que lorsqu'une fille n'était pas jolie, elle avait tout de même une chance de trouver un mari... si elle était gentille. C'était une autre époque, enfin j'espère. L'hélianthi ressemble à cette fille-là : il n'est pas super-sexy... mais il a tant de qualités qu'il pourrait séduire le plus difficile des jardiniers.

Ben oui, il n'est pas affriolant, l'hélianthi.

Ben oui, il n'est pas affriolant, l'hélianthi.

Le nom latin de l'hélianthi, Helianthus strumosus, n'est vraiment glamour non plus. Notez que son cousin et rival, bien plus célèbre que lui, n'est pas mieux loti de ce côté-là : "Helianthus tuberosus". C'est le fameux topinambour, archétype du "légume oublié-retrouvé".

Cependant, quand on prend la peine de faire sa connaissance, l'hélianthi est bien plus intéressant que le topinambour : il se pèle facilement et son goût est plus délicat. Et ça, ce n'est pas rien.

Sur la première photo : un topinambour*, sur la seconde : un hélianthi. Lequel préférez-vous éplucher ?
Sur la première photo : un topinambour*, sur la seconde : un hélianthi. Lequel préférez-vous éplucher ?

Sur la première photo : un topinambour*, sur la seconde : un hélianthi. Lequel préférez-vous éplucher ?

Voici comment on le cuisine :

Quand les hélianthis sont pelés (facilement !) il vaut mieux les plonger dans de l'eau citronnée pour qu'ils ne noircissent pas

Quand les hélianthis sont pelés (facilement !) il vaut mieux les plonger dans de l'eau citronnée pour qu'ils ne noircissent pas

Ensuite, on peut les faire bouillir dans l'eau salée.

Ensuite, on peut les faire bouillir dans l'eau salée.

La cuisson est rapide : une dizaine de minutes à tout casser. Vous aurez remarqué les feuilles de sauge (salvia officinalis). C'est une recette de bonne femme pour faciliter la digestion car l'hélianthi contient de l'inuline.

L'inuline est un sucre que nous, pauvres humains, sommes incapables de digérer. En revanche, les bactéries qui vivent dans notre intestin y arrivent très bien... ce qui ne va pas sans émanations gazeuses, également appelées "flatulences". Mais en ajoutant de la sauge à l'eau de cuisson, on évite ce désagrément. Ne me demandez pas comment ça marche mais, d'expérience, ça marche ! ( C'est peut-être un effet psychologique...).

Une fois que les hélianthis sont cuits, on peut les faire revenir un peu à la poele avec, par exemple, une échalote et quelques petits morceaux de confit de canard comme ici.Une fois que les hélianthis sont cuits, on peut les faire revenir un peu à la poele avec, par exemple, une échalote et quelques petits morceaux de confit de canard comme ici.

Une fois que les hélianthis sont cuits, on peut les faire revenir un peu à la poele avec, par exemple, une échalote et quelques petits morceaux de confit de canard comme ici.

Vous me direz ce que vous en pensez. Moi, je trouve l'hélianthi plus ferme et plus délicat que le topinambour. C'est, bien-sûr, une question de goût.

Pour cultiver l'hélianthi, il y a deux façons de faire :

La plantation soignée

Au début du printemps, on plante les tubercules espacés d'une vingtaine de centimètres dans une terre bien riche. L'hiver suivant, on récoltera de beaux gros fuseaux bien formés et bien charnus.

Plantation "soignée" d'hélianthis en mars 2019

Plantation "soignée" d'hélianthis en mars 2019

Le laisser-faire

Il y a tout de même une chose que je ne vous ai pas dite : l'hélianthi, tout comme le topinambour, a la capacité de renaître de ses cendres... enfin, de ses miettes. Le moindre petit morceau oublié dans la terre donnera immanquablement naissance à un nouveau plant.

Cette année, par exemple, je n'ai rien planté du tout et pourtant, une grosse touffe d'hélianthis pousse dans ma "nouvelle bande potagère". Pas si nouvelle que ça, au fait, puisque je me suis contentée de réunir trois carrés existants.

A droite, une touffe d'hélianthis qui ont poussé à partir des miettes de la plantation "soignée" de 2019.

A droite, une touffe d'hélianthis qui ont poussé à partir des miettes de la plantation "soignée" de 2019.

Cette zone, devenue "laisser-faire", bénéficie de l'ombre d'une haie de feuillus assez haute qui pousse du côté Sud. Cette préférence pour les lieux ombragés est bien intéressante : les légumes qui poussent bien dans ces conditions ne sont pas si nombreux.

La haie au Sud (à droite sur la photo) fournit une ombre appréciée des hélianthis.

La haie au Sud (à droite sur la photo) fournit une ombre appréciée des hélianthis.

Depuis novembre, pratiquement sans rien faire, je récolte des tubercules en quantité largement suffisante pour deux personnes sur une surface d'environ un mètre carré. A la différence de la méthode "soignée" ceux-ci sont plus petits et de tailles variées, mais en poids, il y en a tout autant.

Récolte d'hélianthis cultivés par la méthode "laisser-faire" : les plus gros mesurent environ douze centimètres de long.

Récolte d'hélianthis cultivés par la méthode "laisser-faire" : les plus gros mesurent environ douze centimètres de long.

Je vais en récolter au moins jusqu'au début du mois de mars, date à laquelle la végétation reprend. C'est un autre avantage des hélianthis (et des topinambours) : ils se conservent dans le sol pendant tout l'hiver et nous les récoltons au fur-et-à-mesure de nos besoins.

Les premières gelées "grillent" le feuillage.

Les premières gelées "grillent" le feuillage.

A ce moment-là, on peut tout couper.

A ce moment-là, on peut tout couper.

Et les récoltes peuvent commencer.

Et les récoltes peuvent commencer.

L'hélianthi a tout de même quelques caractéristiques particulières que certains pourraient qualifier de défauts mais qui me semblent cependant bien anodins.

  • Ils sont TRÈS vigoureux et s'étendent rapidement. Tant mieux, on en récolte d'autant plus. Il est toutefois plus prudent de les tenir à l’œil et d'arracher les petites pousses qui auraient envie de s'échapper de la zone qui leur est dévolue. Quand elles mesurent seulement quelques centimètres de haut, ça se fait sans effort.
  • Si on les laisse faire, les hélianthis atteignent une taille de plus de deux mètres de haut, parfois jusqu'à trois mètres. Les plants de la périphérie finissent souvent par s'affaler et c'est moche. Mais j'ai trouvé la parade : je coupe régulièrement la végétation à une cinquantaine de centimètres du sol. Ma récolte s'en trouve peut-être un peu réduite, mais j'obtiens ainsi des plantes touffues qui ne s'effondrent pas.
En coupant régulièrement la végétation, on évite que les tiges s'allongent exagérément.

En coupant régulièrement la végétation, on évite que les tiges s'allongent exagérément.

Allez, vous en plantez ? C'est le moment de se procurer des tubercules.

Si vous habitez dans la région, passez en chercher à la maison, vous pourrez les repiquer immédiatement. Sinon, on peut en trouver facilement en faisant une petite recherche du genre "acheter des tubercules d'hélianthis". A noter qu'il existe aussi des "topinambours fuseaux" qui ressemblent furieusement à notre Helianthus strumosus mais qui appartiennent à la même espèce que le topinambour "classique", Helianthus tuberosus. En même temps, il parait que les deux s'hybrident facilement... mais là, ça commence à se compliquer...

A bientôt.

* La photo du topinambour provient du site "locavor" : https://locavor.fr/produit/129263-topinambours. Moi, je n'en cultive plus.

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P
Merci pour ces informations,<br /> Cela fait plusieurs années que je cultive des hélianthis, et je ne savais pas que l'on pouvait les couper pour qu'ils soient moins hauts, sans leur nuire ! Je vais tester, cordialement.
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N
Super article, merci!
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P
Bonjour Madame,<br /> J'ai trouvé cela très intéressant et je confirme que l'hélianti est plus facile à nettoyer, car à une époque, j'avais les deux. J'ai abandonné les topinambours !<br /> Merci beaucoup ! <br /> Bonne soirée ! <br /> Patrick Péters
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R
Jamais essayé même si j'ai déjà eu un hélianthus au jardin en fleur vivace (pas le tournesol hein !)<br /> Je note dans ma liste des curiosités à trouver<br /> Bises
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G
Je n'ai jamais essayé. J'aime bien le topinambour car je n'ai pas peur de confondre avec autre chose quand je récolte. Je mets un peu de bicarbonate dans l'eau de cuisson, ça aide pour la digestion et je n'épluche pas en détail. Il parait aussi qu'il est plus digeste si on attend 2j après la recolte pour le cuisiner. Sinon cru il ne provoque pas de gaz j'ai testé, par contre il faut assaisonner car c'est plus fade.
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L
Encore une chouette plante à découvrir. Ton article m'incite à en trouver pour le tester. Bon dimanche
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M
Je l'avais oublié celui là , il y a longtemps que je l'ai plus au jardin , je ne me rappelle plus la raison , j'ai par contre son cousin , le yacon ( poire de terre )
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A
Ah le yacon, c'est bon. Mais je trouve que l'hélianthi a une saveur à lui tout seul qui est bien agréable.
J
Bonjour,<br /> la question de l'inuline est réelle et non psychologique, certaines personnes y sont physiologiquement intolérantes. Je suis hélas dans ce camp-là, "hélas" car j'aime beaucoup le goût des topinambours et hélianthi. L'intolérance se marque par des crampes très douloureuses dans le système digestif, c'est vraiment dur à supporter. <br /> Pendant un temps j'ai laissé des topinambours dans mon jardin, pour faire haie avec le voisin. Mais leur capacité à s'étendre tant et plus (quasiment comme les physalis...) m'a contraint à les enlever un beau jour. Gros boulot...<br /> Merci pour cet article, une nouvelle fois si intéressant ! Et aussi pour le rappel de cette sagesse ancienne, basique mais c'est la réalité de la vie.<br /> Cordialement
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A
Bonjour Jean Michel, les effets de l'inuline ne sont certainement pas psychologiques. Quand je parle d'effet psychologique, je fais référence à la sauge qui est souvent citée comme empêchant les ballonnements. J'en mets toujours dans mon eau de cuisson quand je cuis des topinambours ou des poires de terre qui sont de la même famille mais je ne sais pas si les effets sont avérés. J'ai déjà connu aussi ces crampes mais c'est plutôt avec des légumes réchauffés, ce que j'évite maintenant absolument. je crois aussi qu'à la longue, l'organisme s'habitue aux aliments riches en fibres ou en sucres non-digestibles mais j'imagine que ça varie selon les personnes. Bon dimanche.
B
Bonjour, <br /> Mes hélinthis et mes topinambours se sont hybridés il y a bien longtemps. J'ai donc des hélianthis qui ont la forme des topinambours. Je n'en replante plus car ils se sont naturalisés et poussent donc tout seul. <br /> J'ai acheté des topinambours nains cette année et je les ai plantés bien loin des autres pour éviter l'hybridation ! Je ne les ai pas encore récoltés donc je ne sais pas s'ils sont gros ou pas. C'est juste pour avoir différentes variétés car sinon j'apprécie les normaux pour leur feuillage car ils me donnent beaucoup de biomasse.<br /> <br /> Amicalement, <br /> Isa
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A
Ah oui, j'ai vu qu'on vendait des topinambours nains, j'ai hésité à les essayer. Chez moi, comme mes hélianthis n'arrivent jamais à former de graines, je ne risque pas l'hybridation et c'est vrai aussi, j'aurais dû en parler, rien que leur feuillage apporte une belle masse de matière organique verte bien utile.<br /> Bonne journée, Isabelle