L'ail éléphant
Tous les ans, je plante quelques bulbes d'ail éléphant. Je devrais en mettre plus : c'est une culture qui ne rate jamais. On ne peut pourtant pas dire que je la cultive dans des conditions idéales.
En passant, remarquez combien c'est pratique de cultiver un "petit-fruits" sur tige dans le potager : on peut planter toutes sortes de choses à son pied (voir ici comment faire). On pourrait penser qu'il y a une compétition entre l'ail éléphant et le cassissier. C'est peut-être le cas mais ça ne m'empêche pas de faire une récolte honorable.
Fin juillet-début août, ça dépend des années, les tiges commencent à sécher : c'est le signe qu'on peut récolter les bulbes.
Je ne sais pas si on s'en rend compte sur la photo mais il s'agit d'une toute petite zone : pas plus de 50 cm sur 30... il y a seulement 8 plants.
Mes bulbes n'atteignent pas la taille de 10 centimètres de diamètre comme c'est parfois mentionné sur les sites de vente par correspondance. On est plutôt autour de 7-8 centimètres : une grosse tête d'ail en somme. Mais pas n'importe quel ail !
Ici, je vais tout de même faire une petite remarque : il ne s'agit pas vraiment d'un ail mais d'un poireau. Si vous recherchez le nom latin de l'ail éléphant, vous allez trouver Allium ampeloprasum... c'est à dire "poireau". C'est tout simplement une variété de poireau et, plus particulièrement, de poireau vivace... mais qui ressemble fichtrement à un ail !
Enfin pas toujours, car on peut obtenir deux types de bulbes :
La plupart des bulbes sont composés de caïeux (à gauche). Mais parfois, on récolte une sorte de grosse boule, sans divisions (à droite).
Les deux formes se mangent et peuvent se replanter. Mais avant ça, il vaut mieux les conserver quelques temps au sec. Pas longtemps : la plantation se fait à l'automne, dès octobre. Notez que si on replante tout de suite, ça va aussi, mais on occupe de la place inutilement dans son potager.
Récolte en train de sécher pour être replantée dans quelques mois. Si vous suivez "Gardeners'world", vous savez qu'il faut toujours laisser les racines.
Pour la plantation, ce n'est pas compliqué : on fait un trou d'environ cinq centimètres de profondeur, on pose soit un caïeu, soit un bulbe "boule" dans le fond. On rebouche. Il est conseillé de laisser environ 15 cm entre les plants. Dans mon cas, c'était plutôt 10 cm. Il est aussi conseillé de "garder la terre propre" ... ça dépend ce qu'on entend par "propre".
Pour vous donner une idée des conditions dans lesquelles mon ail éléphant a poussé : à gauche, le tronc du cassissier sur tige, entre les ails et tout autour : un semis spontané de "mauve-légume" que je coupe (et mange) anvant qu'il ne soit trop développé. Derrière, ce sont des choux vivace "nine star".
Peut-être que si je cultivais mon ail éléphant en plein soleil, tout seul sur un sol "propre" j'obtiendrais des bulbes "de concours". Mais ce n'est pas mon but et je suis contente avec ceux que je récolte.
Tant qu'on parle "plantation", sachez qu'on peut aussi récupérer les petites bulbilles qui se forment au pied des bulbes :
Il n'y avait que trois bulbilles dans ma récolte d'ail éléphant. Mais je veux bien parier qu'il en reste dans la terre et que je vais les voir ressortir au printemps prochain. J'ai fait trois petits godets.
Ces godets resteront exposés au gel et aux intempéries, ce qui devrait être suffisant pour ramollir leur enveloppe dure et leur permettre de germer.
Et c'est bon ?
Oui, c'est très bon. Beaucoup plus doux que l'ail mais tout de même parfumé. Un peu comme un poireau au goût raffiné. On peut les préparer tout simplement au four : il suffit de couper les têtes, d'ajouter un peu d'huile puis de laisser les gousses une petite heure à 180°. La chair devient crémeuse. Excellent sur du bon pain frais à l'apéro.
Tête d'ail entière au four aux herbes
https://www.marmiton.org/recettes/recette_tete-d-ail-entiere-au-four-aux-herbes_346346.aspx
Voici une recette avec de l'ail "normal" mais c'est encore meilleur avec de l'ail éléphant
Mais on ne mange pas que les gousses : tout est bon dans l'ail éléphant. En mai-juin, on peut couper les feuilles que l'on consomme comme du "vert de poireau". C'est un choix car ça limite le développement du bulbe. Dans ce cas, on peut choisir de laisser celui-ci en terre (pendant des années) et se contenter de récolter les feuilles... et les tiges florales.
De toutes façons, qu'on mange l'ail éléphant "en vert" ou qu'on laisse grossir le bulbe, il vaut mieux couper ces tiges florales. Ça tombe bien : c'est la meilleure partie de la plante. Elles sont suc-cu-lentes !
Les tiges florales apparaissent pendant le mois de juin et peuvent monter à plus d'un mètre de haut. Vous voyez sur la deuxième photo le stade auquel il faut les récolter : juste avant que l'inflorescence n'apparaisse. On peut les ajouter à n'importe quelle préparation ou (l'idéal) les cuire à la vapeur et les manger en entrée avec une petite sauce comme des asperges.
Depuis peu, des maraîchers en produisent en France... mais ce n'est pas facile à trouver.
L'ail éléphant a un autre intérêt : il n'a jamais été malade, et ça fait des années que j'en cultive. Pas de rouille, pas de mouche, pas de ver, rien !
On dirait aussi que la météo ne l'affecte pas trop : il a traversé avec indifférence la canicule de ces derniers étés mais aussi le temps froid et pluvieux qui ne nous lâche plus depuis le printemps.
Enfin soit, vous l'aurez compris : c'est une culture que je vous conseille et pour ma part, j'en mettrai plus l'année prochaine. Ce n'est donc pas la peine de m'en demander : je garde tout pour moi. Ce que je ne mangerai pas, je le planterai. Mais on trouve maintenant des caïeux très facilement, par exemple sur le site de La Bonne Graine. (cliquez sur la photo)
D'accord, ce n'est pas donné. Mais à partir de deux caïeux, on peut se constituer tout doucement une petite population. Cela dit, vous en trouverez peut-être dans votre épicerie.