Un cassissier sur tige à partir d'une bouture : sympa et enfantin
Cette technique simplissime convient aux cassissiers, aux groseilliers à grappes ou à maquereaux, aux casseilles et aux groseilliers décoratifs.
Un arbuste à petits fruits sur tige n'est pas seulement esthétique : il occupe peu de place au sol, ce qui permet de faire pousser toutes sortes de choses à son pied. Ce n'est pas la peine d'en acheter un bien cher ou de se lancer dans des greffes compliquées : on peut le réaliser soi-même très facilement à partir d'une bouture. Je vais vous expliquer comment j'ai fait pour obtenir ce joli petit cassissier sur tige.
Première année : hiver
Pour avoir un beau tronc bien droit, l'idéal est de démarrer à partir d'une belle bouture bien droite ... et bien longue. On utilise du bois de l'année. Il se reconnaît facilement : il est plus clair et plus souple. Si vous pouvez en trouver qui partent de la souche, choisissez celles-là, il parait qu'elles s'enracinent (encore) mieux.
Toutes les branches marquées d'une flèche sont des rameaux de l'année et conviennent bien pour faire des boutures. Mais je ne vais pas les utiliser toutes : je vais en garder quelques-unes pour remplacer les vieilles branches lors de la taille... ceci est une autre histoire...
C'est bien connu : pour faire une bouture, il faut couper juste sous un œil. Ensuite, ne croyez pas que je sois sadique : j'aime la blesser un petit coup.
Explication : les nouvelles racines vont se former à partir du cambium : une mince pellicule verte située juste sous l'écorce où les cellules se divisent gaiement pour former l'écorce et le bois (c'est ainsi que le tronc grossit). Mais si la branche est subitement séparée de la plante, le cambium change de boulot : il se met à fabriquer des racines !
Ces petites racines vont devoir traverser une épaisseur d'écorce avant d'être opérationnelles. En mettant le cambium à nu sur une petite surface, on facilite l'émission des racines.
Attention de ne pas exagérer quand même car si les racines sortent plus facilement, les "maladies" entrent plus facilement aussi !
Il suffit de gratter avec l'ongle pour faire apparaître le cambium et faciliter la formation des racines.
Les groseilliers, cassissiers, etc... font partie des plantes les plus faciles à bouturer. Avec eux, pas besoin d'hormones de synthèse (je n'en utilise jamais) ni d'eau de saule. En revenche, je frotte toujours la "blessure" avec mon pouce : c'est un truc que j'ai lu quelque part il y a longtemps mais qui semble relever plus de la superstition que de l'observation.
Presque tous les groseilliers et cassissiers du jardin sont issus de boutures récupérées chez mes parents ou chez des amis.
Cette aisance qu'ont les groseilliers à produire de nouvelles racines permet de faire toutes sortes d'expériences... Par exemple : bouturer du bois de deux ans. Mes (autres) cassissiers ont peu grandi en 2018 : leurs pousses de l'année mesurent à peine 15 cm... c'est un peu court pour un tronc. Alors, aujourd'hui, j'ai fait un test avec une branche plus âgée...
Cette branche a deux ans et a déjà porté de fruits. Prendra-t-elle racine ? Je ne risque rien à essayer.
Bon, il ne reste plus qu'à planter la bouture, soit en pot, soit directement dans la terre. Perso, je préfère un grand pot, ce qui présente au moins deux avantages :
- On peut facilement les surveiller
- Elles s'enracinent mieux contre la paroi du pot
- Elles sont "coincées" et risquent moins d'être dérangées par le vent ou... une jardinière distraite.
Boutures de cassissiers : plusieurs petites boutures et une grande pour former un tronc (photos 2019 : je n'ai pas pris de photos du bouturage en 2016).
Première année : printemps - été
Dès le printemps, j'ai pu repiquer ma bouture déjà bien développée au potager. Pendant toute la période de végétation, j'ai enlevé systématiquement tous les petits rejets qui se sont développés le long du tronc. Je n'ai laissé que les trois pousses du haut... ça va très très vite !
Le même mois, j'ai taillé les jeunes branches juste au-dessus de la troisième feuille. De nouvelles ramifications sont apparues avant l'automne.
La deuxième année
A partir de la deuxième année, je n'ai plus eu grand-chose à faire. Les ramifications apparues l'automne précédent avaient formé la charpente d'un petit arbre. Pour lui garder une belle forme et limiter sa vigueur, je me suis contentée de couper l'extrémité des tiges pendant l'été (j'ai enlevé environ 1/3 de leur longueur). Ce n'est pas une façon de faire classique : elle est inspirée de la méthode qu'emploient Gilbert et Josine Cardon aux jardins ouvriers de Mouscron (1).
A partir de la deuxième année, mon cassissier sur tige avait déjà des allures de petit arbre. Ce sont des radis qui poussent à son pied.
La troisième année... et les suivantes.
Cet été, j'ai pu enlever le tuteur car mon petit cassis sur tige est assez enraciné (enfin... j'espère). Je vais le conserver dans des dimensions raisonnables : je ne veux pas d'un grand arbuste et je préfère éviter que la ramure devienne trop grande et rende ma plante instable.
Troisième année (été 2018) : il y a déjà des cassis. J'ai choisi de bouturer un individu qui, pour une raison inconnue, porte des fruits bien plus gros que les autres.
Les plantes ainsi formées ont un avantage : elles occupent peu de place au sol et on peut planter à leur pied. Cette année, je compte y mettre des pois chiches ou des haricots nains et aussi quelques salades ou de la tétragone. Enfin, des légumes qui ne poussent pas trop haut ! (Pas comme le chervis, ok ! Mais non, je n'oublie pas d'en parler, ça va venir...)
A propos, c'est le moment de faire les boutures à "bois dormant". Et pourquoi pas, de tester quelques méthodes différentes. Ce sera pour cette semaine.
Alors, bonne semaine...
A propos du jardin des fraternités ouvrières de Mouscron voici une synthèse pas mal faite :
(1) Benjamin LISAN, Jardin des fraternités ouvrières de Mouscron (Belgique), Site : Documents pour le développement durable de l'Afrique à l'usage des ONG, 01/02/2015. Consulté le 13 janvier 2019. URL : https://www.doc-developpement-durable.org/documents-agronomiques/jardin-des-fraternites-ouvrieres-Mouscron.pdf