Le chervis est délicieux, mais...
Ça y est, j'ai récolté (et goûté) mon chervis. Le bilan est plutôt positif, avec toutefois un petit "mais" dont je vous parlerai plus loin.
Le chervis attendra encore un an - Au jardin des Quatre Moineaux
http://www.quatremoineaux.be/2017/02/chervis-recolte-graines-culture.html
Si vous voulez connaître le début de sa vie... et quelques infos sur le chervis, vous pouvez lire cet article écrit il y a deux ans.
C'est toujours un peu le suspens. Surtout lorsque, comme moi, on cultive un légume en un seul exemplaire : qu'est-ce que ça va donner ? Bon, c'est pas mal : bien qu'il n'ait pas reçu un seul arrosage au cours de cet été particulièrement sec, mon chervis a tout de même développé une belle touffe de racines assez charnues (pour du chervis).
Je dois tout de même préciser que ce plant est resté en place plus de deux ans.
C'est ce qui fait peur, non ? Eh bien, finalement, ce n'est pas beaucoup plus compliqué que de nettoyer des carottes : un bon trempage suivi d'un rinçage permettent déjà d'éliminer une bonne partie des saletés.
Ensuite, on y va à la brosse (douce). La peau est un peu boursouflée mais relativement lisse : la saleté n'adhère pas et s'en va facilement.
Voici les racines nettoyées. Les traces brunes qui restent ne sont pas de la terre mais des "marques" sur l'épiderme des racines.
C'est vrai que ces taches sur les racines ne sont pas bien engageantes. Mais impossible de les peler à ce stade (sauf si on a une âme de bénédictin). Cependant, rassurez-vous, on pourra le faire plus tard.
Ici, on avance un peu dans le noir... Les rares informations trouvées sur internet sont plutôt du genre laconique : "le chervis se fait bouillir, frire ou sauter". Ça n'aide pas beaucoup. Il ne reste plus qu'à essayer. Pour ne pas risquer ma maigre récolte sur une seule recette, j'ai commencé par tester la cuisson à l'eau bouillante salée sur une petite racine.
J'ai goûté toutes les minutes ! Résultat : je trouve qu'un temps de cuisson d'environ 5 minutes est l'idéal. Si la racine cuit plus longtemps, la chair commence à se désagréger.
J'ai goûté les racines de chervis avec la peau : elle est plutôt fine et on peut très bien la manger. Mais il faut dire que l'aspect tacheté n'est pas vraiment engageant. Heureusement, la peau s'enlève facilement avec les doigts lorsque le légume est cuit. On obtient alors une belle racine d'un blanc éblouissant... bien difficile à prendre en photo.
Si vous comptez éplucher vos chervis après cuisson, je vous conseille de ne pas les couper en trop petits tronçons : plus ils sont longs, plus ils s'épluchent vite !
Bon, enfin, nous y voilà ! Alors, ça a quel goût ? Hé bien c'est très bon. Sérieux ! Le goût évoque à la fois le panais, la carotte, le céleri. Mais c'est encore différent : un parfum assez puissant mais pas trop fort ni écœurant. C'est vraiment étonnant, j'aime beaucoup... le goût. Simplement cuit à l'eau le chervis est goûteux et original.
Et la texture, me direz-vous. C'est là que nous nous approchons du "mais"... Certaines racines sont quasiment immangeables ! Ce sont les toutes fines qui font un peu penser à... je laisse travailler votre imagination.
Les racines les plus fines contiennent un cœur fibreux qui rend leur consommation quelque peu exaspérante.
Ces racines toutes fines n'étant pas vraiment appétissantes, mieux vaut sélectionner les plus grosses (soit environ 1cm de diamètre). Celles-ci sont succulentes. La chair est fondante et le centre un peu plus fibreux n'est plus gênant... enfin, selon moi. Mais j'imagine que ça peut en rebuter certains.
Les grosses racines sont beaucoup plus fondantes que les fines et ont un cœur fibreux peu perceptible mais tout de même présent.
Une bonne surprise : le chervis est un légume qui ne demande quasiment pas de travail et est décoratif. La production est tout à fait correcte et la récolte très facile. Pas de problème de conservation : il reste dans le potager jusqu'à ce qu'on en ait besoin. Son principal atout, selon moi, c'est son goût vraiment nouveau et original, qui ne nécessite pas un mode de préparation particulier pour s'exprimer.
Mais il y a tout de même des aspects négatifs : le nettoyage et l'épluchage des racines (après cuisson) sont assez fastidieux. De plus, il y a cette question de cœur plus ou moins ligneux qui pourrait bien être un frein à sa consommation.
Maintenant que j'ai arraché mon unique pied de chervis, je n'en ai plus, croyez-vous ! Eh bien, détrompez-vous ! Car ce pied de chervis était en réalité composé d'une multitude de mini-chervis.
J'en ai déjà replanté quelques-uns dans le potager et les autres iront dans des petits pots... en attendant !
Le test de l'Homme
Puisque j'ai repiqué du chervis dans le potager, vous vous doutez déjà que j'ai apprécié ce légume et que j'ai envie d'en remanger. Cependant, il devra encore passer une dernière épreuve avant d'être planté en nombre : c'est le test de l'Homme. Le principe consiste à faire goûter un nouveau plat à son homme. Enfin, à son conjoint, d'une manière générale. Si on n'a pas de conjoint, ça facilite les choses.
Elizabeth Rainbow's Skirret Pie
http://foodhistorjottings.blogspot.com/2011/12/elizabeth-rainbows-skirret-pie.html
Pour un premier test, je vais la jouer simple. Mais si vous voulez une recette plus élaborée, en voici une qui date du ... 18e siècle et une autre encore plus vieille).
Et pourquoi ne pas en semer ?
D'après ce que j'ai lu, semer le chervis est une sorte de loterie : parmi les plants obtenus, certains seront ligneux et immangeables : il faudra les éliminer ! Quand on sait que le plant de chervis est tout de même assez encombrant et qu'il doit rester au potager pendant deux ans, ça fait réfléchir. En divisant un plant de bonne qualité, on est à peu près certain d'obtenir des descendants présentant les mêmes caractéristiques que leur parent. Enfin ça, on verra dans deux ans...