Camerise, haskap, baie de mai : c'est le même petit fruit, et c'est bon
Ce sont les premiers petits fruits que je grappille lors de mes balades au jardin. Ils s'appellent haskaps, camerises ou baies de mai. Ils ressemblent à de grosses myrtilles allongées et d'ailleurs, ils en ont un peu le goût. Vous ne connaissez pas ? C'est dommage, car le plus intéressant dans cette histoire, c'est qu'ils sont délicieux.
A l'intérieur, la pulpe est d'une belle couleur rouge (qui tache les doigts). Elle contient de toutes petites graines qui ne se perçoivent absolument pas lorsqu'on déguste le fruit. Celui-ci se mange cru ou cuit.
Même si le fruit est bleu à l'extérieur, il faut attendre que la pulpe devienne rouge foncé. Sinon, il est amer.
Des arbustes productifs
Nos arbustes ont plus ou moins quatre ans. Ils restent de petite taille (entre 70 cm et 1.50 m) mais portent de nombreux fruits. Ceux-ci sont dissimulés sous les nouvelles pousses du printemps, ce qui les protège (peut-être) de l'appétit des merles... Jusqu'au jour où ceux-ci les découvriront !
C'est quoi, cette plante ?
C'est un chèvrefeuille. Mais un chèvrefeuille non-grimpant. (petit rappel qui peut avoir son importance : les baies de chèvrefeuille grimpant sont toxiques). Il appartient à l'espèce Lonicera caerulea variété kamtchatica. Enfin, variété ou sous-espèce, ça dépend des sources, mais on ne va pas chipoter. On trouve aussi parfois l'appellation Lonicera kamtchatica.
Les rameaux ressemblent beaucoup aux chèvrefeuilles de nos haies, mais ceux-ci ne sont pas grimpants.
Et ça vient d'où ?
Il existe de par le monde, de nombreuses espèces de camerisiers (1). Cependant, très peu produisent des baies qui valent la peine d'être récoltées et dégustées... Sauf dans le Nord du Japon, de la Chine et en Sibérie ou pousse Lonicera kamtchatica.
Vous avez remarqué : ce sont des régions très très froides. La baie de miel, encore un autre nom, a besoin de froid en hiver et résiste à des températures extrêmes, inférieures à -40° C. Même ses fleurs, qui, chez nous, apparaissent en mars, résistent à des gelées allant jusqu'à -7° (et peut-être même moins). Autre qualité : en cas de période de redoux pendant l'hiver, le buisson reste en dormance et attend patiemment le printemps. (5)
Le japon, la Sibérie et... le Canada
Depuis les années cinquante, les Russes se sont appliqués à sélectionner et améliorer les variétés les plus intéressantes. Mais depuis une trentaine d'années, l'université de Saskatchewan au Canada teste, croise et améliore un grand nombre de variétés d'origine russe ou japonaise et produisent de nouveaux cultivars très intéressants. Ces petits fruits commencent même à être produits en grande quantité et commercialisés.
Une vidéo canadienne présentant la camerise, sur le site de Wallogreen
En Europe... c'est plus compliqué
Souvent, sur les sites de vente par correspondance, on trouve comme seule indication camerisier ou haskap. Ou même parfois chèvrefeuille comestible. Sans indication du nom de la variété ou de l'origine. Pourtant, d'une variété à l'autre, les qualités gustatives et la taille de l'arbuste varient considérablement.
Et les nôtres
Nous avons acheté les nôtres au stand de Wallogreen lors d'une foire aux plantes. Le vendeur était tout excité car il venait de les recevoir du Canada. Son enthousiasme était si communicatif que nous avons acheté les quatre variétés qu'il proposait : Aurora, Honeybee, Borealis et Indigo gem. Merci, Monsieur le vendeur de Wallogreen.
En avoir plusieurs, c'est mieux... et même indispensable
D'une part parce qu'on en a plus à manger, mais aussi et surtout, parce que la production est bien meilleure lorsque la fécondation s'effectue entre variétés différentes. Certains cultivars sont même réputés pour leurs capacités pollinisatrices. Souvent, dans les catalogues, c'est la variété russe berry blue qui est proposée pour jouer ce rôle. Dans notre jardin, Honeybee, variété canadienne, assure cette tâche mais, contrairement à son homologue russe, il produit également de très bons fruits.(2)
Honeybee est un bon pollinisateur, mais comme tous les lonicera kamtchatica ses fleurs sont à la fois mâles et femelles : lui aussi peut être pollinisé par une autre variété.
Des arbustes très faciles
Il est vrai que chez nous, ils ont trouvé les conditions qui leur conviennent : du froid (pas sibérien, mais quand-même), un sol (presque) jamais sec, une terre non-calcaire et une exposition ensoleillée pendant une bonne partie de la journée (du côté Est de la maison). A part une bonne couche de feuilles mortes en paillage, ils ne reçoivent aucun soin particulier et poussent lentement mais vaillamment.
Le Haskap est un "super-food"
Ce fruit est plein de bonnes choses : vitamines, sels minéraux, antioxydants... Il parait qu'en japonais, son nom signifie baie de la longévité. Tiens au fait, savez-vous pourquoi les Canadiens utilisent ce nom pour le commercialiser ? C'est tout simplement pour pouvoir les vendre sur la marché Japonais où ce petit fruit est très recherché.
Voilà, j'espère que je vous ai donné envie de goûter la baie de mai. Il existe, en tout cas au Canada, de toutes nouvelles variétés aux fruits encore plus gros et savoureux. C'est la série "boréal". Dès que j'en trouverai, j'en ajouterai un ou deux plants aux miens. Et si vous en trouvez avant moi, ce serait sympa de me passer l'info.
En attendant, Bonne soirée à tous et bon appétit !
Sources
1. http://www.fruitiers-rares.info/articles45a50/article47-Camerisier-Kamtchatka-Lonicera-kamtchatica.html
2. Bob Bors, HoneyBee Description, University of Saskatchewan Fruit Program. URL : http://www.fruit.usask.ca/Documents/Haskap/HoneyBee.pdf
3. New Haskap Varieties from the University of Saskatchewan. URL : http://www.fruit.usask.ca/articles/new_varieties.pdf
4. Bob Bors, "Indigo" series haskap, University of Saskatchewan Fruit Program. URL : http://www.fruit.usask.ca/Documents/Haskap/IndigoHaskap2011.pdf
5. University of Saskatchewan Fruit Program. URL : http://www.fruit.usask.ca/haskap.html