Mon top 5 des tomates 2018 : la Charnue de Huy
A priori, rien ne distingue la Charnue de Huy d'une tomate classique, ronde et rouge, si ce n'est qu'elle est "de Huy". C'est pourtant une des tomates les plus énigmatiques que j'aie jamais rencontrées... Elle a aussi bien d'autres qualités cachées.
Tomate Charnue de Huy mûrie en octobre. Sous une apparence on ne peut plus banale, elle cache bien son jeu.
Mais peut-être que "Huy", ça ne vous dit rien. Regardez, c'est ici :
Voilà, vous avez vu ? Huy est en blanc et Bouillon (où j'habite) est en bleu. Ce n'est pas bien loin : un peu plus de 100km. C'est aussi une région que je connais bien : mes grands-parents n'habitaient pas loin (Andenne). Les maisons possédaient toutes un jardin dans lequel on faisait pousser des choux, des haricots, des poireaux... Mais y cultivait-on des tomates ? Pas dans mon souvenir. Pourtant, pas mal de variétés de tomates semblent originaires de par-là : La Rouge de Namur, la Triomphe de Liège, la Merveille des serres dont on peut encore se procurer les graines. D'autres, malheureusement, comme la Gloire Serésienne, au nom pourtant prometteur, semblent avoir disparu. (source : http://www.infos-tomates.com/repertoire-tomates-belges)
Photo de mariage de mes parents dans le jardin à Andenne : on reconnaît des haricots, des dahlias... mais hélas, pas de tomates !
Bon, revenons à nos moutons. Suffit pas d'être "de Huy" pour figurer dans mon top 5, n'est-ce pas ? Il faut aussi être bonne. Et elle l'est ! En fait, elle a LE VRAI GOUT DE LA VRAIE TOMATE. Absolument impossible à décrire, bien-sûr. Il faut en déguster quelques tranches sur un bon pain beurré, juste saupoudrées d'un peu de sel et de poivre : la tartine de tomate comme on en mangeait à quatre heures après l'école quand j'étais enfant.
A part cette qualité gustative exceptionnelle, la Charnue de Huy a un autre atout : elle produit beaucoup. Certaines grappes de fruits sont impressionnantes :
Elle produit aussi longtemps : de juillet à ... maintenant. Les grappes se sont succédé et continuent à mûrir malgré le temps frisquet. Bon, ce n'est pas exceptionnel, mais c'est bien.
Mal situé dans un coin de la serre, ce plant de Charnue de Huy est bien productif. Notez que les tomates du bas sont mangées depuis longtemps !
Tout cela n'est pas vraiment énigmatique, me direz-vous. Pourtant, voyez-vous, quand on creuse un peu, cette belle et bonne tomate soulève pas mal de questions. Lisez attentivement ce qui figure sur le sachet de graines :
Comment ça, "disparue" ? Entre guillemets, en plus ! Et pourquoi probablement cultivée dans la région de Huy ? Et enfin, qu'est-ce que ça veut dire "en cours d'identification" ? J'allais peut-être trouver la réponse sur info-tomates, le site (très bien fait) de celui à qui j'avais acheté les graines : Jean-Michel Rouffiange.
Cliquez sur l'image pour visualiser la fiche sur le site d'info-tomates. Les autres sites tomatophiles se contentent de recopier les informations qu'elle contient. Ça leur suffit ? Pas moi ! Je suis donc partie en quête, avec l'aide de Google... sans grand succès. A part cet article qui m'a donné une première piste :
Pomme d'Or, tomate, solanacée, légume-fruit et la Verte de Huy | PointCulture
La chair de la verte de Huy est très parfumée, juteuse et fondante, bien mûre elle devient sucrée. - Jean-Michel Rouffiange - PointCulture : Sur le site infos-tomates.com, vous vous définissez...
Il n'y est pas question de la Charnue de Huy, mais d'une autre variété de la même région : la Verte de Huy. Pas loin ! Au cas où vous n'auriez pas envie de tout lire, voici le passage intéressant :
Figurez-vous que n'avais même pas deviné que cette tomate de Huy était une trouvaille de Jean-Michel Rouffiange. Je pensais qu'il se contentait simplement d'en vendre les graines. Alors, j'ai pris contact avec lui pour en savoir un peu plus. Je le remercie vivement pour sa réponse. Voici ce que j'ai appris (pour le moment...).
Les graines de la CHARNUE DE HUY et la VERTE DE HUY, m'ont été transmises par un vieux jardinier de Hesbaye.
Jardinier qui a toute ma confiance (..)
Pour les CHARNUE DE HUY et VERTE DE HUY, aucune trace dans la littérature et dans les anciens catalogues des semenciers.
(recherche personnelle conjointe avec un ami ingénieur agronome de Gembloux).
Nous supposons donc que ces 2 variétés étaient cultivées localement dans la région Hutoise et donc ont été baptisées avec cette référence à la ville de Huy.
D'accord, on n'en sait pas beaucoup plus. Mais c'est tout ce qu'on sait...
Peut-être cette tomate portait-elle un autre nom autrefois. Peut-être n'avait-elle pas de nom du tout, après tout. On l'appelait "tomate rouge" et voilà !
On ne le saura sans doute jamais. A moins que...
Comme j'avais lu ailleurs que des analyses génétiques étaient envisagées pour déterminer la filiation de toutes ces anciennes variétés locales retrouvées, j'ai aussi demandé à Monsieur Rouffiange où ces recherches en étaient ? Il faudra encore patienter un peu mais j'espère avoir une réponse ce 20 octobre au marché des variétés horticoles anciennes de Namur.
Cette "petite" recherche m'aura aussi permis de découvrir la Verte de Huy, qui a la même origine. Je n'en ai lu que du bien ! Elle remplacera la Green Moldovan dans la serre l'année prochaine, c'est décidé !
Si vous voulez vous procurer des graines de Charnue de Huy, de Verte de Huy ou d'une autre variété de tomate locale, belge ou française, vous pouvez en commander sur le site de Semailles ou en acheter à Jean-Michel Rouffiange lorsqu'il participe à une foire, vous pouvez voir la disponibilité des différentes variétés par ici (attention, il vaut mieux réserver les variétés rares).
Voisines par le nom, l'origine et l'aspect, les tomates Rouges de Namur (Merci Hanna) sont aussi bonnes que les Charnues de Huy.
Plus qu'une variété et j'aurai terminé mon "top 5". Je vous le donne en mille et je jure que je ne l'ai pas fait exprès : je vous parlerai (le plus rapidement possible) de l'Extravagante de... Rouffiange !
En attendant, je vous laisse en compagnie de "Monsieur Tomate" (Quelle imagination, ce journaliste !) et à bientôt.
Faudra quand même que je consacre un sujet à ces mordus de tomates, belges et autres, un de ces quatre...