Ce que je fais au potager en janvier
Mon potager, c'est là que je passe le plus de temps quand je me promène au jardin : il y a toujours quelque chose de nouveau, je l'aime, je le trouve beau. Il mesure à peine 50 m² mais il me fournit généreusement en légumes souvent un peu bizarres. Bref ! J'en suis plutôt fière.
Mais en hiver, le spectacle est un peu moins réjouissant.
Au boulot, Annick !
Quand il tombe une petite pluie insidieuse, que le ciel est tout gris et la température inférieure à 3 degrés... on ne se sent pas forcément disposé à mettre les mains dans la terre. Mais ce sont les premiers pas qui coûtent. Et puis, il y a urgence (je n'aime pas ce mot) : si certaines planches ronronnent confortablement sous une couverture de feuilles mortes depuis novembre, la couche de matière organique qui recouvre les autres est devenue toute fine et ça, ce n'est pas bon ! Alors, au travail ! Et puis, ça fera du bien après les fêtes.
En octobre, j'avais déposé sur toutes les planches une bonne couche de matière organique (parties aériennes des légumes non-rustiques et paille des poules) : il n'en reste déjà presque plus rien !
J'y vais progressivement, une planche après l'autre, en tournant une année dans le sens des aiguilles d'une montre et l'année suivante, dans l'autre sens.
Un schéma du potager. Si je devais le refaire maintenant, il serait moins "formel" mais il est plutôt pratique alors il restera comme ça ! Pour info, il mesure 7m sur 7.
Ça va vite : le sol, qui a été constamment recouvert, est extrêmement souple et les quelques pissenlits ou mourons blancs s'enlèvent simplement en tirant dessus.
De la matière organique, c'est de la matière organique, y compris ce qu'on appelle mauvaises herbes. Elles vont se décomposer et enrichir la terre. Si, par hasard, quelques-unes arrivent à reprendre racine... il suffira de les enlever au moment de planter (et de les manger !)
Les feuilles des fraisiers, les "mauvaises herbes" : toute matière organique est la bienvenue sur les planches. A gauche : la planche "nettoyée". A droite : cette matière organique est déposée sur la planche voisine.
Dans ce potager un peu anarchique, je découvre parfois des trésors. J'ai pris l'habitude de laisser pousser les semis spontanés jusqu'à ce que je reconnaisse de quoi il s'agit. Je conserve tout ce qui m'intéresse, principalement les vivaces. Dans mes planches aujourd'hui, j'ai récupéré des géraniums vivaces, des verveines de Buenos-Aires, des digitales et des linaires pourpres. Je les ai plantées dans mes massifs.
Les vivaces sont repiquées dans les massifs, les fraisiers en bordure de planches. Quant aux mauves que j'adore en légume au printemps, elles peuvent rester en place.
Une fois la planche vidée, c'est le moment de lui apporter "de la nourriture" : fumier de mes chèvres bien décomposé ou compost maison... Une couche de 2 cm est largement suffisante. Je ne fais pas ça tous les ans...
Si je laissais le fumier ou le compost sans protection, les matières nutritives seraient probablement lessivées par les pluies. Alors, je dépose dessus tout ce que je peux trouver.
Il faut couper le feuillage des Pontederia... pourquoi le transporter jusqu'au compost alors qu'il peut aller directement sur le potager ?
Et puis les feuilles des arbres ! Je les ramasse sur la terrasse. D'une pierre deux coups : je nettoie la terrasse et je nourris et protège la terre de mon potager.
En deux temps, trois mouvements : directement de la terrasse au potager. Vivent les feuilles mortes.
Hé oui, en hiver, un bon coup de vent, et hop ! plus de feuilles sur le potager. Alors, pour les fixer, j'utilise mes (très) anciennes perches à haricots. Celles-ci auront connu quatre vies :
Ils ont poussé dans la haie, ont servi de perches à haricots puis de bordure avant de maintenir les feuilles en place... et de se décomposer lentement..
A partir d'ici, mon rôle est terminé, c'est le potager qui prend le relais. Tout ce matériel organique va se décomposer (bien plus vite qu'on ne l'imagine !). Les vers de terre mais aussi les champignons et toutes sortes de minuscules bestioles s'activent. Non seulement le sol s'enrichit en nutriments divers, mais il acquiert toutes sortes de qualités physiques et chimiques qui favorisent la végétation.
Sous les feuilles et le bois en décomposition : un sol léger, vivant et riche. Il est aussi étonnamment tiède ce qui est bien agréable quand on a les mains gelées par un petit vent du Nord pénétrant.
Et voilà ! C'en est fini des "gros" travaux dans le potager. Certes, cela m'a pris deux après-midis, soit ... quatre heures de travail (il fait noir à 16 h 30, ces temps-ci !). Mais je n'ai plus rien à faire ! Pas de bêchage, pas de nettoyage. Au printemps, je me contenterai d'écarter un peu la matière organique subsistante pour semer ou repiquer. Heu oui... je tiendrai les limaces à l’œil, quand même. Mais ça, on en reparlera !
Je trouve cette façon de procéder assez pratique et efficace. Plus important que tout : elle respecte la vie du jardin et de ses habitants en le chamboulant le moins possible. Je trouve aussi que c'est une méthode qui économise MON énergie : chaque action rempli deux, voire trois objectifs. Par exemple, je nettoie la terrasse de ses feuilles tout en protégeant le potager. Ou bien, je déracine les "mauvaises herbes" tout en apportant de la matière organique à la planche d'à côté. J'utilise toutes les ressources du jardin et rien n'est gaspillé. J'en profite aussi pour faire une petite récolte de légumes.
Ce potager, est-il nécessaire de le préciser, je ne le retourne jamais : pas de motoculteur, pas de bêche, même pas de grelinette ! D'ailleurs, ça ne se voit pas comme ça, mais il est encore plein de légumes !
Vous ne me croyez pas ? hé bien, je vous montrerai ça demain !
A demain.