Taches claires sur les feuilles, taches brunes sous les feuilles : la cladosporiose s'attaque à mes tomates !
Décidément, les tomates sont pleines de surprises ! Hier matin, en faisant une petite inspection dans la serre, alors que je me réjouissais de voir rougir les premiers fruits, voici ce que j'ai trouvé :
Quelques petites taches claires sur trois ou quatre feuilles de "charnue de Huy", ça n'a pas l'air bien grave...
Oui, mais j'ai eu la curiosité de retourner la feuille. C'est déjà beaucoup plus laid !
Je n'avais encore jamais vu ça ! C'est quoi ? Sûrement pas le mildiou : je le connais. Un petit passage par le site de l'INRA m'a permis de trouver la réponse : mes tomates ont la cladosporiose !
Tropilég - Cladosporiose de la tomate (Passalora fulva)
http://ephytia.inra.fr/fr/C/23073/Tropileg-Cladosporiose-de-la-tomate-Passalora-fulva
Ephytia sur le site de l'INRA permet de déterminer les maladies des tomates. On y trouve de nombreux renseignements sur la cladosporiose.
C'est une maladie due à un champignon qui aime la chaleur et l'humidité... il porte trente-six noms différents, j'en ai choisi un pour faire simple : Passalora fulva. Est-ce que c'est grave ? Selon certains, c'est une catastrophe. Selon d'autres, il y a moyen de s'en sortir. Mais comment ? En principe, les feuilles atteintes se nécrosent, se recroquevillent, sèchent et finissent par tomber... On le comprend, ce n'est pas ça qui fait grimper les rendements ! Que faire, rester les bras croisés à contempler le désastre en espérant l'arrivée d'un sauveur (voir plus bas : des sauveurs existent) ou bien agir ? J'ai décidé d'agir mais je ne suis pas sûre d'avoir choisi la meilleure solution.
A l'attaque !
Apparemment, il n'existerait pas de traitement efficace contre la Cladosporiose. Ça commence mal. Je vais tout de même tenter de limiter les dégâts, sur base de ce que j'ai pu trouver sur la bête (enfin, le champignon). Voici la stratégie que je compte employer. N'hésitez pas à me faire part de vos remarques si vous relevez des incohérences ou si vous avez de meilleures idées.
Les spores se trouvent dans les taches brunes sous les feuilles. Il semble logique de les éliminer afin qu'ils n'aillent pas se répandre sur mes autres tomates. Lors de cette opération, j'ai pris de grandes précautions...
- Je n'ai touché que la partie de la feuille enlevée
- J'ai directement déposé les dites feuilles enlevées dans un carton, avec délicatesse.
- J'ai fermé le carton et j'ai jeté le tout à la poubelle
Bon, pas un fongicide toxique, bien-sûr ! Mais, puisque le bicarbonate de soude semble être efficace contre le mildiou et autres s@{#^*µ[*s fongiques, pourquoi ne pas essayer ? Avec un peu de savon noir pour que ça accroche bien et quelques gouttes d'huile essentielle de tea tree connu pour son effet désinfectant, ça pourrait fonctionner. On trouve cette recette partout sur le net, mais j'ai voulu être complète. La voici en images :
Verser dans une bouteille d'un litre environ 100 ml de savon noir puis 50gr de bicarbonate de Soude.
Ajouter de l'eau chaude et laisser tout cela se dissoudre. On peut mélanger mais sans visser le bouchon (ça dégage du gaz! )
On a ainsi une solution à 5% environ de bicarbonate de soude que l'on peut conserver. Il suffit de le diluer ensuite à raison d'une part pour 10. On obtient une solution à 5 ‰ : la concentration recommandée par la plupart des sites "jardiniers" quand il est question de lutter contre les maladies dues à des champignons, comme le mildiou. Encore quelques gouttes d'huile essentielle de Tea tree. Je ne connais pas les doses recommandées, alors j'ai mis une dizaine de gouttes pour 5L ... au pif !
Tous les jours pendant plus de 15 jours
J'avoue que j'ai des doutes sur la fréquence. Tous les jours, ce n'est pas trop ? Ou pas assez ? Voici mon raisonnement :
- Le bicarbonate de soude ne tue pas le champignon responsable de la maladie mais bloque son développement (Notez que je ne suis pas sûre que ce soit vrai pour cette maladie en particulier).
- La contamination s'effectue en 24 à 48 h : les spores germent sur la feuille, s'insinuent vicieusement à l'intérieur via les stomates, puis l'envahit en toute discrétion.
- L'incubation dure une quinzaine de jours : il faut tout ce temps entre la germination des spores et les premières taches sur les feuilles
Du coup, il me semble logique de penser que :
- En pulvérisant tous les jours, j'empêcherai la germination des spores qui se trouvent sur les feuilles et, ce faisant, la contamination.
- En pulvérisant pendant plus de 15 jours, j'empêcherai la production de spores par les champignons installés sur les feuilles déjà atteintes
En pulvérisant le matin, j'espère que les feuilles sécheront rapidement : je ne voudrais tout de même pas faire plaisir à ma cladosporiose en lui rendant la vie encore plus facile !
Ensuite, si de nouvelles taches continuent à apparaître... j'aviserai !
Il faut un œil de lynx, ou une nature obsessionnelle, pour déceler les première traces d'infection sur les feuilles.
Le bicarbonate de soude, c'est bien, c'est naturel, mais ce n'est pas pour cela qu'il est inoffensif. Pulvérisé sur les fleurs, il provoque leur "coulure". Plus simplement dit : leur mort. Il faudra donc que je fasse bien attention de ne pas toucher les fleurs des tomates, ni celles des poivrons et des aubergines.
Mesure N°3 : arrêter d'arroser l'allée centrale
J'arrose l'allée centrale pour faire baisser la température dans la serre de quelques degrés. Mais ça fait monter le taux d'humidité. Les plants touchés par Passalora fulva sont justement situés tout au fond, là où la ventilation est la plus mauvaise. Maintenant qu'il fait plus frais, ce n'est plus nécessaire !
Malgré les lucarnes de toit et la porte constamment grande ouverte, l'humidité n'est pas bien évacuée dans le fond de la serre.
82% d'humidité au fond de la serre contre 48% à l'extérieur : il y a clairement un problème de ventilation !
Mesure N°4 : arrêter de secouer les plants
Je secoue les plants tous les jours pour favoriser la pollinisation. Ça me prend deux secondes : je tapote les câbles sur lesquels sont attachées mes ficelles "porte-tomates". C'est bien facile mais j'imagine qu'en faisant cela, je dissémine aussi les spores de Passalora fulva. On va donc ressortir la brosse à dents électrique !
En tapotant un petit coup les câbles horizontaux, je fais vibrer toutes les tomates, ce qui libère le pollen... et peut-être aussi les spores de "Passalora fulva".
Mais voilà que tout à coup, j'ai des doutes...
Il existe un "bon" champignon : Il s'appelle Hansfordia pulvinata et est un parasite de Passalora fulva dont il inhibe le développement. D'après certaines sources, ce parasite de parasite pourrait apparaître "spontanément". Il a été observé notamment dans les serres en Bretagne. On peut détecter sa présence : les taches brunâtres deviennent blanchâtres.
Et voici pourquoi, tout à coup, je ne sais pas ce qui est le mieux : en enlevant les parties malades, en pulvérisant du bicarbonate de soude, je lutte aussi, probablement, contre Hansfordia et probablement aussi contre d'autres micro-organismes qui ont le même effet. Est-ce que ce ne serait pas mieux de ne rien faire en espérant qu'un équilibre se crée et que le "prédateur" ait une chance de s'installer. C'est ce que je fais, finalement, quand je ne traite pas contre les pucerons en attendant l'arrivée des coccinelles et des syrphes... et ça marche !
Maladie de la tomate : Cladosporiose
Petit suivi des tomates et de leurs tâches, suite à quelques recherche il s'agit de la cladosporiose , voici les liens : https://www.bio-enligne.com/lutte-biologique/170-tomate.html ...
POur voir la maladie "en life" et mieux comprendre en quoi elle consiste, je vous mets en lien une vidéo de Laurence, tournée dans sa serre. Manifestement, ce n'est pas facile de se débarrasser de cette maladie !
Et vous, vous connaissez cette maladie. Que faites-vous ?
Pff ! C'est compliqué de prendre une décision mais je crois que je ne suis pas la seule à supporter cette engeance : la cladosporiose, bien qu'elle sévisse depuis longtemps dans les régions tropicales et dans les serres, semble être une maladie qui a le vent en poupe ! Ce serait peut-être l'occasion de lui trouver un nom plus facile à retenir. Pour ma part, c'est une nouvelle découverte... dont je me serais volontiers passée. Et chez vous, ça se passe comment ?
Sources
Ephytia, Passalora fulva (Cooke) U. Braun & Crous, (2003), Cladosporiose de la tomate,
Peresse, M. & Le Picard, D. Mycopathologia (1980) 71: 23. https://doi.org/10.1007/BF00625309
Dominique Blancard, Tomato Diseases: Identification, Biology and Control: A Colour Handbook, Second Edition, CRC Press, 15 août 2012 - 688 pages (extrait consultable ici : https://www.sciencedirect.com/topics/agricultural-and-biological-sciences/passalora-fulva ).