Je n'aurais pas dû sortir mes poivrons si tôt !
Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa : j'ai maltraité mes plants de poivrons et d'aubergines et je m'en repends.
Ma séance d'auto-flagellation étant terminée, je vous explique ce que j'ai fait de travers... afin de ne pas recommencer.
Lorsqu'enfin j'ai eu terminé de préparer la serre pour la bonne saison, je me suis rendu compte que j'avais fait une bêtise. Était-ce une grosse bêtise ou une petite bêtise ? L'avenir nous le dira !
En gros : j'ai repiqué trop tôt. Je le savais pourtant que deux printemps chauds et précoces consécutifs, n'impliquait pas forcément que, désormais, TOUS les printemps seraient chauds et précoces : nous avons eu cette année, le mois d'avril le plus froid depuis 35 ans ! Comme si ça ne suffisait pas, il a gelé toutes les nuits au début du mois de mai et la suite ne s'annonce pas plus glorieuse !
Pendant ce temps à l'intérieur, tomates, poivrons et aubergines continuaient de pousser, de pousser, de pousser...
Il est grand temps de repiquer les tomates. La longueur de la tige n'est pas un problème : cela me permettra de les enterrer profondément et elles feront plus de racines. Mais ça complique la manipulation !
Bien-sûr, j'aurais pu les sortir de temps en temps "pour les endurcir". Mais ça, c'est de la théorie : faire descendre chaque jour 44 plants de tomates, autant de poivrons et quelques aubergines par des escaliers étroits, passer cinq portes traverser toute la maison puis le jardin jusqu'à la serre... pour recommencer le même bazar dans l'autre sens tous les soirs, c'est mission impossible pour une femme qui, comme moi, n'est pas bio-ionique.
Tomates, poivrons et aubergines ont donc été contraints d'attendre à l'intérieur que la météo soit plus clémente.
En 2019 et 2020, les tomates ont attendu dans la serre dès la mi-avril que les saints de glace soient passés. Elles étaient beaucoup plus trapues et faciles à manipuler. (photo prise le 26 avril 2019). Entre la mi-avril et le moment de la plantation, je n'ai pas dû les rentrer une seule fois.
Quand il a enfin cessé de geler toutes les nuits, j'ai commencé à m'affairer. Il fallait d'abord remporter et sortir les plantes délicates qui avaient passé l'hiver dans la serre, repiquer dans le jardin ce qui n'avait pas pu l'être à l'automne, ranger et nettoyer un peu.
Je cultive de plus en plus de plantes en pots délicates comme les sauges et les agapanthes. Ajoutez à cela toutes sortes de semis et vous comprendrez qu'il m'a fallu du temps pour libérer la serre.
Comme le temps est variable ou même carrément pluvieux, je dois laisser tout le matériel à l'abri (je n'aime pas planter dans le terreau dilué ni utiliser un sécateur tout trempé et glissant). Je ne vous dis pas combien de fois je me suis pris les pieds dans la brouette, les pots vides et les pots pleins, l'arrosoir, les tuteurs, la bêche, le râteau, le seau... et les bouts de ficelle. Enfin, j'ai survécu. La plupart de mes plantes aussi.
Il ne restait pas beaucoup de place pour moi... mais c'était ça ou laisser tout le matériel sous la pluie !
Je ne me tracasse pas trop pour les tomates : ce sont des costaudes. Par contre, et c'est ça qui me "fout les boules" : je n'aurais pas dû sortir les poivrons !
Voilà comment je m'en suis rendu compte : j'avais enfin fini de repiquer les poivrons, les tomates et les aubergines lorsque je me suis octroyé une petite pause bien méritée. J'en ai profité pour aller lire un peu ce qu'on racontait à propos de la culture des poivrons... et j'ai commencé par site du "Jardinier Paresseux" dont je suis fan.
Et là, mon sang n'a fait qu'un tour : j'avais foiré ! Pour assurer une bonne reprise des poivrons, il faut que les températures nocturnes ne descendent pas en dessous de 13°. Zut alors ! Même dans la serre, en cette période, il fait 9° pendant la nuit ! Si on plante avant que les nuits atteignent cette fatidique température, nous dit Larry Hodgson (C'est le jardinier paresseux), les poivrons ne meurent pas mais leur développement s'arrête... et cela provoque un retard de production.
Je venais à peine de terminer les plantations dans la serre, lorsque j'ai compris que j'avais été un peu trop pressée !
Pour les aubergines, c'est encore pire ! Il faut attendre que les nuits atteignent 20°. Même en serre, chez nous, les nuits à 20°, c'est plutôt rare ! ça ne m'étonne pas que mes récoltes d'aubergines soient le plus souvent dérisoires.
Je trouve que les aubergines donnent de meilleurs résultats en (grands) pots. Ici : Apple green et Little finger, les seules variétés relativement productives chez moi. Cette année, j'essaye aussi les "Longues Violettes Hâtives" de Fabio.
Bon, du coup, j'ai rentré ce qui n'avait pas été repiqué... c'est à dire les plants les plus moches. C'est toujours ça de sauvé : ils sortiront quand lesdites températures seront atteintes (ou presque). Mais tant pis pour ceux qui sont déjà en place : je n'allais tout de même pas les déterrer ni casser mon dos à rentrer des pots en terre cuite hyper-lourd ! On verra bien.
Je dois bien avouer que ce genre d'aventure a atteint la très bonne opinion que j'avais de mes talents jardiniers. Comment une telle information a-t-elle pu m'échapper ? Maintenant que je l'ai lue une fois, je constate qu'on la retrouve dans de nombreux sites et blogs de jardinage.
Enfin tant pis, je le saurai pour l'année prochaine ! J'ai tout de même un petit espoir : Je n'ai jamais tenu compte de cette histoire de 13 ou 20° minimum pour installer les poivrons en serre. Je les plantais en même temps que les tomates "une fois que les gelées n'étaient plus à craindre", soit à peu près à la mi-mai. J'ai toujours obtenu une récolte satisfaisante de poivrons mais peut-être que si je les avais repiqués un peu plus tard, elle aurait été plus précoce.
Piments "de Porto" (sans doute Bishop's crown) en août 2018. Cette année-là, je les avais sortis le 8 mai !
Sinon, pour ceux qui se poseraient la question, sachez qu'en fin de compte, il y a vraiment peu de différence entre les poivrons "élevés à la dure" (qui ont poussé derrière le carreau) et les "gâtés" (qui ont grandi sous la lampe horticole). Par ici : un compte rendu de cet essai. On lit souvent que, sous nos latitudes, il est impossible d'obtenir des plants de poivrons sans matériel, à cause des journées trop courtes en hiver. Eh bien, c'est faux ! Il faut seulement avoir de la place derrière le carreau !
Piment manganji : celui de gauche a grandi sous la lampe horticole, l'autre derrière le carreau. Le plant de gaucheest plus costaud mais pas tellement plus que l'autre, dans son petit pot, "élevé à dure" derrière le carreau de la cuisine.
Je suis peu présente sur le blog ces temps-ci : il y a tant à faire au jardin (et ailleurs) et il y a tant de choses à raconter que... je ne sais par quoi commencer. Mais je vous dis tout de même à bientôt... pour vous parler de ce qui va bien.