Toute une journée au jardin
Certes je suis retraitée, mais il est bien rare que je puisse passer une journée entière au jardin. Mardi, oh joie ! c'était le cas.
J'ai pris des photos de mon travail car j'espérais écrire, le soir venu, un petit article intitulé "Toute une journée au jardin". Nous sommes trois jours plus tard. C'est du réchauffé, mais je le fais quand même.
Donc mardi, comme chaque jour, j'ai commencé par un petit tour d'inspection de tout ce qui pousse dans la maison (pas trop fatigant).
Les tomates m'avaient inquiétée, mais ouf ! ça va mieux : elles poussent à vue d'œil mais restent compactes, ce qui est bien.
Sur les appuis de fenêtre, idem : mes semis lèvent bien (ici : sarriette d'Acadie, Léonurus Sibiricus, Artimisia annua pas encore germée, spilanthes, Huacatay, ficoide glaciale, mélisse de Moldavie)
Mais pas question de trainer à l'intérieur. Allez, dehors ! J'ai commencé par faire un petit tour tranquillement, pour voir un peu comment allaient les choses (jusque-là, je ne me suis toujours pas fatiguée).
Les semis, réalisés pour la plupart à l'automne dernier, sont en train de germer après un hiver à l'extérieur. (On reconnait Milium effusum 'Aureum', Thalictrum 'Elin' et 'flavum', de la rue, Polemonium Pauciflorum, Gillénia Trifoliata, Tanacetum doré, etc...)
Ah! voilà une première tâche urgente : à Kalmthout, j'ai acheté 21 bulbes de liatris mauves. Le vendeur m'a dit en me tendant le sachet "à planter tout de suite". A son intonation, j'ai compris que j'avais intérêt à obtempérer. Mon idée, c'était d'étoffer un peu les touffes de liatris qui poussent déjà dans le jardin. Mais en cette saison, ils sont encore invisibles.
En recherchant dans mes vielles photos, j'en ai retrouvé la trace. Et là, surprise ! ils sont blancs.
Est-ce que ça va aller des liatris blancs mélangés avec des mauves ? J'ai comme un doute (et je veux bien des avis). En attendant, je les ai plantés en godets, ça ne peut pas leur faire de mal de pousser un peu avant de trouver leur place définitive.
20 godets et j'étais persuadée d'avoir acheté 21 bulbes (21 bulbes pour 9€. Pourquoi 21 ? Mystère). Où est passé le dernier ?
Pour mes plantations en godets, à condition qu'ils restent à l’extérieur, j'utilise souvent la terre des monticules que les campagnols établissent sympathiquement dans le jardin. Ils ont le bon goût de faire ça surtout dans la prairie des chèvres, là où ça ne dérange pas. Cette terre est légère, débarrassée de la plupart de ses cailloux et contient peu de graines d'adventices. Il suffit de ramasser.
Cela fait, il était temps de s'attaquer à petit travail que je reportais depuis des jours (et aussi depuis des années) : marquer l'emplacement des bulbes. Ne riez pas en voyant à quoi ressemble la floraison printanière de ce parterre :
J'ai été beaucoup trop parcimonieuse en installant mes bulbes de narcisse "petrel". Mais j'ai aussi une fâcheuse tendance à oublier leur emplacement et à pelleter dedans... tout cela ne favorise pas la profusion. L'année prochaine, je veux avoir ici un effet comme cela :
Dans cet autre coin du jardin, la densité est plus satisfaisante. Mon but est de créer ce genre d'effet partout. Ça viendra.
Donc, c'est décidé, l'automne prochain je vais planter des centaines de bulbes dans le jardin (et pourtant, c'est un travail que je n'aime pas). Mais ce n'est pas la peine de détruire ceux qui existent déjà. Une seule solution : marquer l'emplacement des bulbes de façon durable... mais pas trop voyante. Comme je dispose maintenant d'un four pour la céramique, je me suis confectionné de petits "bulbes" en grès.
Plantés sur un petit bâtonnet en bambou, ces "marqueurs" restent discrets mais suffisamment visibles pour indiquer les emplacements.
Ces petits travaux "light" terminés, il restait le gros morceau : le désherbage. Je suis plutôt en retard cette année et les mauvaises herbes en ont bien profité. Heureusement, celles qui poussent ici, sont assez faciles à enlever :
La lampsane a un feuillage très dense : ça va bien un moment mais si je les laisse faire, elles finissent par tout recouvrir.
La cardamine hirsute est une petite plante pas vraiment gênante mais qui a tendance à envoyer ses graines dans tous les sens, et bien loin. Quand elle est à ce stade, c'est déjà trop tard : les siliques sont mûres et beaucoup de graines se sont déjà disséminées.
Notez que les deux plantes ci-dessus sont comestibles et même pas mauvaises du tout quand elles sont jeunes. La cardamine, en particulier, a un très bon goût de cresson. Quand elle est en fleurs, elle devient coriace.
Il y a aussi un peu de chiendent et des renoncules dans mon jardin mais ceux-là ne méritent pas une photo. Notez qu'à force de les combattre année après année, j'en ai tout de même beaucoup moins qu'au début.
Quand je désherbe, ce n'est pas une histoire simple, car j'en profite pour enlever ce qui s'est trop développé. C'est pour ça que j'ai toujours ce qu'il faut sous la main :
Quelques petits godets remplis de terre : je peux directement repiquer quelques semis ou rejets intéressants...
...que je stocke dans mon coin "à donner", encore bien dégarni en ce début de saison (mais ça va changer)
Ceux dont j'ai besoin ailleurs, comme ces géranium macrorrhizum sont repiqués tout de suite.
Certains semis spontanés sont les bienvenus mais d'autres, tels que ceux des hellébores, sont bien embêtants : quand les plants mesurent quelques centimètres de haut, on dirait qu'ils s'accrochent au sol et ça devient très difficile de s'en débarrasser. Je veille chaque année à couper les fleurs fanées mais il en reste toujours quelques-unes qui m'échappent. Cet hellébore noir a fait fort, cette année.
(Je viens de découvrir qu'hellébore était un nom masculin, j'ai dû faire la faute des dizaines de fois)
Des centaines de petits hellébores entourent ce bel hellébore noir. (ça fait bizarre d'écrire hellébore au masculin, non ?)
Souvent, les semis spontanés d'hellébores sont sans intérêt. Mais pas toujours. Par acquis de conscience, j'ai tout de même sauvé quelques plants. Pour voir.
Enfin, finalement, voilà ce que ça donne quand j'ai fini un coin du jardin.
C'est pas beau, hein ? Mais ce n'est que temporaire. J'ai laissé tout sécher jusqu'au lendemain. Ensuite les "vivaces" (pissenlits, renoncules, chiendent...) et les plantes qui ont des graines (cardamine hirsute) sont allées au parc à conteneurs. Les autres peuvent aller sur le compost.
Après tout ça, il était temps de ranger mes outils. C'est en général à ce moment là que je retrouve des choses. Cette fois, c'était le 21e bulbe de liatris, tout au fond de la brouette :
Bon, il y a encore du boulot, ça se fera petit-à-petit. Mais bon-sang, que ça fait du bien de passer toute une journée au jardin.