Notre haie : comme un air de forêt dans le jardin
Quand nous arrivés aux quatre moineaux, il y a une trentaine d'années, le terrain déjà était entouré d'une longue haie d'arbres indigènes. Autrefois, celle-ci était taillée. Mais les derniers propriétaires l'avaient laissée pousser à sa guise depuis des années. Nous y avons à peine touché. Au début, c'était plutôt par paresse ou par manque de temps. Mais aujourd'hui, sous aucun prétexte, nous ne voudrions la couper. J'aurais énormément de choses à dire à son propos... et je vais en dire énormément, sans toutefois épuiser le sujet !
Il y a au moins 100 mètres de haie en tout. Elle entoure le champ des chèvres et de l'âne sur trois côtés.
La haie longe aussi l'arrière de la maison. Autrefois, elle séparait celle-ci des pâtures. Quand nous nous sommes installés, tout le monde s'attendait à ce que nous la coupions : "C'est sombre, c'est humide et c'est sale". On pensait comme ça à l'époque. Mais la réalité est tout autre :
Située du côté Nord, elle ne produit pas d'ombre et le microclimat qu'elle crée nous a permis d'implanter des fougères et d'autres plantes parfaitement adaptées à cet environnement. Sans en avoir la preuve formelle, je pense aussi que toutes ces racines plongeant dans le sol absorbent l'eau qui, autrement, ruissellerait vers la maison située en contrebas.
Les troncs des arbres témoignent par leurs formes tourmentées de l'ancienne technique du plessage utilisée par nos ancètres pour rendre les haies infranchissables.
Quant à la "saleté", c'est une question de point de vue : je trouve le tapis de feuilles mortes plutôt esthétique. Quand elles commenceront à se décomposer, nous les ramasserons pour en faire un précieux terreau de feuilles.
Dans notre haie, il y a de la vie en permanence : pendant la journée, c'est un ballet constant d'oiseaux qui, selon les saisons, y construisent leurs nids ou s'y nourrissent de baies et d'insectes. La nuit, les chauves-souris prennent le relais, et chassent entre les branches : il y a toujours quelque chose à regarder. De notre côté, nous faisons tout ce que nous pouvons pour encourager la vie sauvage.
Nous nourrissons les oiseaux en hiver, surtout pour le plaisir de les observer. Les plantes à feuillage persistant comme les houx ou le lierre leur permettent de se mettre à l'abri rapidement en cas d'attaque.
Un peu partout, des tas de branchages ou de matières organiques constituent autant d'abris pour les petits animaux.
Dans la mesure du possible, s'ils ne constituent pas un danger, nous ne coupons pas les arbres morts : cette aubépine au centre de l'image se décompose petit à petit et fournit de la nourriture aux sittelles et aux pics. Un noisetier pousse à ses pieds et atteint déjà la moitié de sa hauteur. Il le remplacera progressivement.
Même s'il est assez fréquenté, l'hôtel à insectes n'est probablement pas indispensable. Il constitue plutôt un élément décoratif.
De la mousse et des lichens recouvrent les plus vieux troncs : les oiseaux y trouvent de la nourriture et des matériaux pour construire leur nid.
Au sol, se développe une végétation spontanée intéressante comme ces fougères ou, au printemps, un tapis d'ail des ours.
Entre ces plantes spontanées, j'ai inséré des plantes d'ombre à l'allure naturelle qui ajoutent un peu de variété comme ces sceaux de Salomon aux feuilles panachées.
A feuilles panachées à gauche ou indigènes à droite : en automne on ne remarque pas vraiment la différence !
Il est probable qu'une meilleure gestion de la haie nous permettrait de produire suffisamment du bois de chauffage pour que nous puissions (presque) nous passer de mazout. Mais cela demanderait trop de temps. N'empêche que nous disposons d'assez de bois pour alimenter la cheminée et faire de bonnes flambées en hiver. Par ailleurs, toutes les perches à haricot, tuteurs, etc... proviennent de la haie.
Si j'ai besoin de rames à haricots, d'une petite barrière pour des plantes qui s'affaissent ou d'un support pour les asperges, pas besoin de courir bien loin : il suffit de se servir dans la haie.
Les branches des arbres fournissent de l'ombre aux poules, aux chèvres et à notre âne Séraphin
Les poules aiment chercher des insectes dans les feuilles mortes et les chèvres adorent grignoter les feuilles qui sont à leur portée.
Et pour nous, en cette saison, c'est un plaisir de marcher dans les feuilles mortes et dans des odeurs de sous-bois. On se croirait dans la forêt.
La base de la haie est constituée de charmes, d'aubépines et de noisetiers. On y trouve aussi des sureaux, des pruneliers, des houx, l'un ou l'autre petit chêne, un pommier sauvage, un bouleau (pour la sève). Un épicéa qui produit de nombreux cônes appréciés des oiseaux. Il sent merveilleusement bon quand il fait chaud. Du lierre et des chèvrefeuilles spontanés grimpent sur la plupart des arbres. Nous y avons planté des rhododendrons et un laurier cerise. Ce n'était pas une bonne idée : ces plantes détonnent un peu. Cependant, comme les moineaux y dorment, nous les laissons. Et puis, il y a le merisier : un arbre énorme, au double tronc, qui penche dangereusement. D'ici peu, un élagueur professionnel viendra le couper.
Une haie comme celle-ci ne coûte pas un centime et demande très peu d'entretien. C'est une richesse inestimable. Je ne comprends pas pourquoi certains, encore aujourd'hui, les arrachent et les remplacent par des haies de thuyas ou autres plantes exotiques sans âme et sans vie... quand ce n'est pas par une clôture métallique !
J'espère que, comme moi, vous avez tous passé un bon week-end. Bonne soirée