Et dire que j'arrachais l'épiaire des bois !
Faut déjà être bête, hein ! Mais qui pourrait croire que cette mauvaise-herbe, fausse ortie à fleurs violettes, est comestible ? Et son odeur ! Elle se rapproche, au choix, de celle d'une serpillère humide, d'une punaise ou d'une belette...mouillée !
Et pourtant, depuis que j'ai goûté une soupe à l'épiaire chez Nathalie, grâce à Pierre Claessens et que j'en ai (re)dégusté une autre pendant l'atelier cuisine aux herbes sauvages d'Anne ce dimanche, mon avis sur la (pas) belle a beaucoup changé.
Il faut bien avouer que l'épiaire, avec ses faux-airs d'ortie mal soignée, n'a pas beaucoup d'allure.
Je la connaissais vaguement de nom. Mais elle me paraissait complètement dénuée d'intérêt. Figurez-vous que je n'avais même pas réalisé qu'elle poussait dans mon jardin. Je l'arrachais bêtement, sans savoir ce que je faisais, quand elle me gênait. Et voilà que depuis une semaine, j'en vois partout ! Tant mieux !
Au fait, vous savez comment on appelait toutes ces plantes qui ressemblent aux orties mais ne piquent pas, autrefois ? Des orties mortes. Amusant non ? Bon, en ce qui concerne l'épiaire des bois, c'est plus souvent ortie puante.
Mais venons-en plutôt à mon souper d'hier soir : pâtes aux épiaires et au yogourt. Une tuerie ! Il faut absolument que vous goutiez ça.
D'abord, j'ai ramassé une passoire de feuilles d'épiaires, que j'ai lavées à grande eau, c'est toujours mieux !
Puis je les ai découpées en petits bouts. Ça pue la serpillère humide, la punaise et la belette (mouillée). Mais je suis courageuse (et gourmande), alors j'ai continué...
Après avoir fait revenir un oignon, j'ai ajouté les feuilles d'épiaire et... tout à coup, une douce odeur de cèpe a envahi la cuisine ! La réaction attendue a eu lieu. On peut arrêter la cuisson.
J'ai ajouté un bon yogourt nature, puis mixé le tout.
Ah oui, j'ai oublié de dire que pendant ce temps, j'ai fait cuire les pâtes (al dente). Dans la poêle, j'ai ajouté les pâtes à la sauce. Puis j'ai appliqué une technique entendue récemment à la radio : j'ai terminé la cuisson des pâtes dans la sauce en ajoutant de temps en temps une louche d'eau de cuisson et en laissant réduire à chaque fois : de cette façon les pâtes s'imprègnent de la sauce qui s'épaissit et les nappe bien.
Et hop ! dans le plat. Comme j'aime le gratin, je les ai fait gratiner.
Bon appétit. Avant de vous quitter, je tiens tout de même à préciser que l'épiaire des bois, qui peut difficilement être confondue avec autre chose à cause de son odeur de serpillère humide, punaise et... enfin vous savez, possède toutes sortes de vertus médicinales.
Elle permettrait de traiter les blessures et les problèmes gynécologiques.
Elle éloignerait aussi les sorcières. Ça tombe bien, il y en a une qui m'embête, ces temps-ci !
Et dire qu'avant, j'arrachais l'épiaire ! Faut être bête, hein ?
Sources
Rosamond Richardson, Britain's Wild Flowers: A Treasury of Traditions, Superstitions, Remedies and Literature, Pavilion Books - Aperçu gratuit sur google play : https://books.google.be/books?id=irGoDgAAQBAJ
Jean-Baptiste de Lamarck, Flore française, Volume 3, 1805, Livre gratuit sur google play : https://books.google.be/books?id=f1o_AAAAcAAJ
Stachys sylvatica - Hedge Woundwort. URL : https://www.first-nature.com/flowers/stachys-sylvatica.php. Consulté le 17/06/2018.