Est-ce que j'arrose trop mes tomates ?
La semaine dernière, j'ai visité un très très beau potager. C'est près de chez moi, chez Ryan, à Mogimont. Regardez comme c'est beau.
Dans ce potager il y a des serres et, dans ces serres, des tomates. Jusque là, rien de bien extraordinaire. MAIS j'ai appris que Ryan n'arrosait JA-MAIS ses tomates.
Même sous serre où il ne pleut pas ? Oui, même sous serre où il ne pleut pas.
Entre les tomates poussent aussi des melons, des pastèques, des aubergines, des fraisiers, des poivrons : Ryan ne les arrose JA-MAIS !
Ah bon, comment est-ce possible ? Ryan nous a expliqué comment il procède : en automne, quand il enlève ses plants de tomates désormais morts, il sème une céréale à leur place. Puis, au printemps, il couche les céréales et étend une grande bâche en plastique dessus. Les céréales meurent. Ensuite, quand c'est le moment (en mai), il plante ses pieds de tomates qu'il produit lui-même avec ses graines qu'il produit lui-même et il arrose... tous les jours pendant cinq jours. Après : plus rien !
Bon, vous allez me dire, il y a un français qui fait encore mieux : Pascal Poot près de Montpellier a appris à ses tomates à vivre sans eau cultive des tomates sans les arroser, ce qui semble extraordinaire dans un environnement tout de même beaucoup plus sec qu'en Belgique.
Pascal Poot, Explications et Démonstration
Tourné le 29 Juillet 2015 Pascal Poot du Potager de Santé nous montre que malgrès la canicule (à Olmet dans le 34), ses plants de tomates et autres légumes arrivent à pousser très bien avec ...
Quoi qu'il en soit, c'est interpellant. La question de l'arrosage des tomates semble tracasser beaucoup de gens (Quelle quantité, à quelle fréquence ?). C'est pourtant une question que je ne me suis jamais beaucoup posée : j'arrosais quand mes tomates prenaient l'air avachi de la tomate qui a soif et, mon dieu, ça "marchait".
Mais tout de même, cet été, croyant bien faire, j'ai peut-être un peu exagéré. C'est qu'il faisait rudement chaud ! Moi, dans ces cas-là, j'aime bien prendre une petite douche rafraîchissante. Mais je ne suis pas une tomate et ce qui me convient ne leur convient pas forcément. Je précise tout de même que je ne les douchais pas : je sais bien, car c'est écrit partout, que le feuillage des plants de tomates ne doit JAMAIS être mouillé. Sinon, c'est mildiou assuré. N'empêche que je me suis ramassé la cladosporiose.
Quinze jours après avoir écrit cet article, la maldaie est toujours dans la serre mais semble en "standby". Je vous en reparlerai quand j'aurai plus de recul.
Alors, même si cette année encore je me régale de grosses Véro, de cœurs de bœuf jaunes et de bien d'autres délices fondants et parfumés, je pense que l'été prochain, je serai beaucoup plus parcimonieuse sur les arrosages et je suivrai l'exemple de Ryan... Sans aller toutefois jusqu'à la bâche en plastique noire. Je tiens à rester fidèle à mes principes : pas de plastique dans mon jardin ! Un bon paillage devrait suffire.
Candy sweet, Grosse Vero, Coeur de boeuf jaune, brin de muguet... malgré des chaleurs élevées dans la serre et la cladosporiose, toutes les tomates sont au rendez-vous en bonne quantité.
Toujours au chapitre des arrosages, je voulais aussi partager avec vous deux observations qui me semblent bien intéressantes pour l'avenir (enfin, le mien). La première concerne un plant de Sanka : une tomate déterminée et précoce que je cultive chaque année dans la serre. Il m'en restait une, je l'ai plantée sans aucune précaution particulière dans la bordure qui entoure le potager, là où autrefois, poussait une haie de buis. Je ne l'ai ni tuteurée ni arrosée. Eh bien malgré qu'il ait dû subir des températures qui ont grillé pas mal de légumes et qu'il n'ait pas reçu la moindre goutte d'eau pendant des mois, ce plant pète de santé et porte de nombreuses belles grosses tomates. C'est une première dans mon jardin belge.
Sans prendre la moindre précaution et sans arroser malgré une très longue période de sécheresse, ce plant traine par terre et est couvert de grosses tomates qui commencent à mûrir.
La seconde est une "bouture" que j'avais réalisée avec l'extrémité de la tige cassée d'une tomate orange dans la serre ( Voir : Plant de tomate cassé = plant de tomate foutu ? ). Je l'ai repiquée dans un petit coin sous de petits arbres fruitiers. Celle-ci non plus, je ne l'ai jamais arrosée. Elle est restée bien petite mais elle survit et porte même une petite tomate. Si celle-ci arrive à mûrir, j'en conserverai les graines dans l'espoir qu'elles portent en elles quelques petites marques épigénétiques d'adaptation à la sécheresse.
Ces arbustes fruitiers ne sont jamais arrosés non plus mais le sol est recouvert d'une épaisse couche de matières organique.
Voilà encore bien des pistes à explorer pour les années à venir, surtout si les périodes de sécheresse et de fortes chaleurs se répètent régulièrement ! Avant ça, je vous quitte sur une dernière photo du beau potager de Ryan qui vous montre bien sa situation : dans un petit vallon, il profite de la fraîcheur des arbres et débouche sur une zone humide en contrebas.
Et vous ?
Avez-vous déjà cultivé des tomates sans arroser du tout ? Ou avez-vous essayé les graines de Pascal Poot ? Quels sont vos résultats ? Je n'arrive pas à trouver des témoignages et pourtant, ça m'intéresserait bien.
Allez, au revoir. La prochaine fois, je vous parle de fleurs. Enfin... ce qu'il en reste.