Que deviennent les plantes qu'on ramène de vacances ?
Quand ils rentrent de vacances, la plupart des gens s'empressent de ranger leur valise, de faire une lessive et de téléphoner à leur famille. Mais nous, les jardiniers, nous commençons par faire le tour du jardin et puis, tout de suite après, nous nous occupons des petites plantes que nous rapportées. Je me trompe ? En tout cas moi, c'est comme ça. Et la valise attend parfois très longtemps avant d'être rangée...
Ces plantes, tous les moyens (légaux) sont bons pour me les procurer. J'en prends grand soin et, plus tard, quand je vais leur rendre visite au jardin, elles me procurent beaucoup de joie. D'où viennent-elles et que deviennent-elles ? Voilà le sujet de cet article.
Rien que le panneau "nursery" me fait frémir d'impatience : j'y passerais des heures. En Angleterre, notamment, où une visite de jardin ne se conçoit pas sans un passage à la "nursery" qui termine le circuit. Certaines sont un peu décevantes mais d'autres sont extraordinaires comme celle de Great-Dixter où l'on trouve les plantes qui poussent dans le jardin ou de Wisley, au Sud de Londres, qui est gigantesque.
A nos retours, le coffre est toujours rempli de végétaux de toutes sortes, de pots et d'outils.
En France aussi, les jardins à visiter commencent à se doter d'une pépinière où l'on peut se procurer les plantes que l'on vient d'admirer. C'est une très bonne idée. A gauche, Alain faisant ses petites emplettes à la pépinière du Jardin Plume en Normandie. C'est-à-dire qu'il porte les plantes que j'ai choisies.
Elles sont certainement moins sophistiquées et on pourrait très bien se les procurer par correspondance mais voilà, elles viennent de là-bas : ce sont les toutes petites, prélevées au hasard des rencontres. Oh, ne croyez pas que je pille la nature ou les jardins des particuliers : je ne choisis que des individus destinés à disparaître sous peu. Le joli petit cyclamen ci-dessous, ramené de Slovénie, poussait sur un parking en construction entre les bulldozers et les tas de sable.
Bon, je ne dis pas que parfois, tout à fait inconsciemment bien-sûr, je n'invente pas un danger qui n'existe pas vraiment. J'espère que ces petites faiblesses me seront pardonnées.
Toujours est-il qu'après quelques jours passés dans un gite ou une chambre d'hôtel, les appuis-de fenêtre commencent à ressembler à ça :
Admirez au passage l'esthétisme des contenants improvisés (en Slovénie). A droite, la petite agapanthe et le plant de piri-piri ramenés de Porto attendent leur voyage vers la Belgique (la fenêtre de la chambre donnait sur un mur recouvert d'azulejos)
Les marchés sont aussi des mines d'or : vous vous souvenez de mon "arbre aux faisans" ? C'est une gentille dame qui me l'a vendu pour une livre dans le joli marché couvert de Bideford et à Porto, je n'ai pas pu résister à l'achat d'un petit plant de piment pour la modique somme de 1 euro !
A gauche l'arbre au faisans installé depuis quatre ans aux Quatre Moineaux. Et à droite, mon piri piri en vente au marché de Porto. On peut facilement reconnaître celui que j'ai choisi (mais si...)
Sur les marchés, on trouve aussi des fruits et des légumes... qui contiennent des graines... que l'on peut récolter et sécher. A Porto j'ai acheté, pour 0,5 cents, deux sortes de piments : les fameux "piri piri", au cas où le plant ne supporterait le voyage et une autre variété inconnue (de moi).
Bien-sûr, je cours le risque que ces graines soient hybridées. Je le saurai dans un an quand je récolterai les premiers fruits... Les surprises ne me font pas peur !
Les rayons des magasins ou des grainetiers réservent parfois de bonnes surprises, surtout dans les petits villages. Il faut être prudent car ce qui pousse dans le Sud de l'Italie ne se plaira pas forcément dans un jardin nordique. Mais lorsque le climat ressemble plus ou moins au nôtre, ramener des sachets de graines permet de faire de belles découvertes comme ce fut le cas avec les graines ramenées de notre voyage en Slovénie (Par ici, un article sur des graines de poivrons achetées dans ce superbe pays).
Là aussi, il faut faire attention de ne pas piller la nature, ni les jardins que l'on visite. Mais comment résister à une gousse de baptisia entrouverte, dont les graines vont bientôt tomber par terre.
Quand je vois de belles gousses comme ça, je regarde toujours si quelques graines ne se sont pas échappées... A gauche, la maman Baptisia à Laquenexy. A droite, ses descendants un mois plus tard.
Et pourquoi ne pourrait-on pas récolter des graines sur les agapanthes qui, au Portugal, décorent même les trottoirs des villes ? Un seul problème : comment les transporter ? J'ai toujours avec moi des petits sachets mais le cas échéant, n'importe quel contenant fait l'affaire. J'avoue que parfois, j'en retrouve encore au fond de mes poches !
Les graines d'agapanthe récoltées dans un parterre à Porto et semées le jour même en rentrant à la maison.
En voiture, c'est facile : il suffit de bien les arroser et de ne pas les laisser au soleil. En avion, c'est un peu plus problématique. Comme il fait très froid en soute, il vaut mieux transporter les plantes dans son bagage de cabine et là, évidemment, on est limité par la place ! Mais rien n'est impossible et toutes les astuces sont bonnes pour éviter de rentrer avec une plante toute écrasée et de la terre plein ses vêtements.
Un peu d'ingéniosité et voilà une "mini-serre de transport" pour mon piri-piri (l'ensemble est emballé dans un sac en plastique bien serré. La petite agapanthe se contentera d'un sachet en plastique. Une idée : en la glissant dans une chaussure (rigide !), on est sûr qu'elle ne sera pas écrasée.
C'est là qu'il faut faire vite : bien sûr, les graines peuvent attendre à condition qu'elles soient bien sèches. Mais si on ne s'occupe pas immédiatement des plantes, elles risquent de ne jamais s'en remettre. Alors, quel que soit le temps... et même parfois s'il fait noir, vous me verrez toujours, à peine rentrée, en train de ranger mes pots dans la serre et de repiquer mes trouvailles dans un substrat qui leur convient.
à peines sortis de voiture, l'agapanthe ramenée de Porto était repiquée. Quant au piment, je lui laisse quelques jours de repos avant de le changer de pot.
Bien-sûr, ce ne sont que quelques petites plantes, parfois très discrètes. Mais pour moi, elles ont plus de valeur qu'une variété rarissime de perce-neige. Quand je me promène au jardin, toutes ces plantes sont autant d'heureux souvenirs. Le plus amusant, c'est que la plupart s'acclimatent très bien et se multiplient avec beaucoup de bonne volonté.
Pavot du Pays de Galle, ail de Slovénie, persicaria filiformis du jardin d'Angélique ou la petite primevère ramenée d'Irlande : quelques-uns des nombreux souvenirs de vacances qui poussent et se multiplient au jardin.
Mais tout à fait ! Transporter des plantes entre pays de la Communauté européenne est tout à fait autorisé quand il s'agit de petites quantités, pour un usage personnel. Bien entendu, il est interdit de transporter des plantes protégées ou venant de parcs naturels... mais il est tout aussi interdit de les récolter !
On peut se renseigner ici : https://www.speciesplus.net/species. Il suffit d'introduire le nom de la plante pour avoir accès à la règlementation européenne la concernant.
Par contre, quand il s'agit d'introduire des plantes en Europe, ça devient bien plus compliqué. Il vaut mieux alors, se renseigner sur place ou sur le site de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).
Dans mon élan, j'aimerais pouvoir vous dire "bonnes vacances", mais ce n'est pas pour tout de suite. Alors, je vous dis bonne soirée, c'est bien aussi.