Quelques scènes fleuries un peu fofolles

Il fait froid, il y a du vent (froid), et il mousine.  Les fleurs attendent désespérément d'être fécondées pour produire leurs graines et se permettre de faner: on en profite ainsi plus longtemps... encore faut-il avoir envie de flâner dans les parterres. Mais rien n'arrête le jardinier, n'est-ce pas ? Je vous propose un petit état des lieux.

Alors que tout le monde y va de ses photos de roses, ici, on attend toujours.

Les ancolies sont bien moins frileuses. Il y en a partout:

Toutes les ancolies du jardin sont des semis spontanés. J'ai essayé pendant des années d'en ajouter des roses, des blanches, des pourpres... enfin, de toutes les couleurs, mais les lois de la génétique étant ce qu'elles sont, c'est toujours la couleur bleu-mauve qui domine largement dans les parterres. De temps en temps, quelques fleurs plus claires ou différentes réapparaissent.

Je laisse de plus en plus de place aux semis spontanés : j'aime bien l'effet naturel qu'ils créent.

Les digitales (Digitale purpurea), notamment, ont l'art de trouver la bonne place. Ce sont les descendantes de celles que j'avais semées il y a plus de trente ans. Les premières avaient de grosses clochettes blanches ou roses. Au fil des semis elles "retournent" au type sauvage. J'aime bien aussi.

Un autre coin que j’affectionne particulièrement se trouve en lisière, côté sud. Il m’a fallu du temps pour dénicher des plantes capables de s’épanouir dans cette zone, humide en hiver mais asséchée l’été par les racines des arbres. Avec le recul, je me dis que j'ai eu raison de me creuser un peu les méninges.

Au centre de ce petit ensemble pousse un très joli et très délicat silene fimbriata alias multifida. Il lui aura fallu plusieurs années pour s'installer mais maintenant, il est beau tous les ans. On dirait que chaque fleur repose sur un ballonnet.

Derrière la serre, ça pousse.

Dans un autre coin, toujours fidèle, une clématite un peu spéciale : Clematis Yukiokoshi. Cet endroit est un peu abandonné et c'est tant mieux car elle fleurit sur le bois de l'année précédente : il ne faut surtout pas la tailler au printemps. Toutefois, on peut la rafraichir après la floraison (les fleurs deviennent laides en fanant) et elle remonte un peu à l'automne sur les nouvelles pousses.

Dans des tons plus pétants mais restant tout de même sobre dans un style pointilliste : un mélange de géums, de pavots du Pays de Galles (Meconopsis cambrica), d'ancolies (encore) avec, au centre, une heuchère "caramel".

Plus près de la maison, je vous laisse apprécier la différence entre la partie de gauche à laquelle je n'ai pas touché (juste un nettoyage de printemps) et celle de droite qui a été refaite complètement à l'automne dernier (j'en parle ici).

Le talus planté cet automne souffre un peu de la sécheresse mais ce n'est pas catastrophique. Je préfère faire preuve de patience et laisser les nouvelles plantes s'installer à leur aise.

Quand on passe par là, on a plutôt tendance à regarder du côté de la maison. Mais remarquez tout de même les boutures d'heuchères géantes pourpres de chez Delabroye, réalisées l'automne dernier: ces plantes sont d'une vigueur extraordinaire.

Oui, elles sont géantes et à l’avant-plan. J’aime bien, de temps en temps, mettre des plantes plus hautes à l’avant; les mixed borders trop bien rangées, ce n’est pas pour moi.
Pour le moment, ces heuchères ont l’air un peu trop isolées, mais vous verrez le résultat quand les plantes autour d’elles auront poussé. Ça devrait être pas mal.

Et pour finir, une surprise.

Vous vous souvenez de ma mandragore ? Je me demandais si je la verrais fleurir (voir par ici).
La réponse est : non ! En tout cas, pas cette année. Elle a dû fleurir en catimini quand je ne regardais pas, car voyez un peu ce que j’ai trouvé !

Oui, elle a fait un fruit. Et dans un fruit, normalement, il y a des graines. C’est là que les choses se compliquent : j’ai lu que la mandragore était fécondée par le sperme des pendus. Je n’en dispose pas, vous vous en doutez. Mais faut-il croire tout ce qu’on lit ? Quoi qu’il en soit, il paraît que le semis est facile. On verra bien.